La medersa Ben Youssef est un vrai symbole de l'époque arabo-andalouse. Ce fut un haut-lieu d'études et de prières pour un certains nombre d'étudiants qui ont foulé les lieux. La medersa Ben Youssef est un passage obligé dans le circuit touristique à Marrakech. Ce lieu est incontournable nous replonge des siècles auparavant, dans la vie estudiantine de l'époque et des conditions de vie de ces enfants qui faisaient leur cursus au sein de l'école coranique. Dès que l'on se balade dans les couloirs et dans le patio, une explosion de couleurs nous envahit. Un patio au centre de la cour intérieure dispose d'un bassin rectangulaire qui jette des reflets bleutés et apaisants sur les visiteurs. Le décor est fait de stucs, bois de cèdre sculpté importé de l'Atlas et de zellige. A l'opposé de la porte d'entrée se trouve une salle de prière caractérisée par 3 nefs délimitées par des piliers de marbre. La nef centrale est une petite salle en demi-cercle avec une ouverture décorée par des motifs floraux et géométriques. Un aperçu de l'architecture impressionnante de la medersa Ben Youssef. / Ph. DR Les historiens ne sont pas d'accord sur l'origine du monument historique. Certains avancent que le lieu date de l'époque des Mérinides, que le sultan Abou El Hassan a commencé à construire l'endroit en 1346. D'autres chercheurs sont convaincus que la medersa date de l'époque des Saadiens, puisqu'il y a eu la découverte de six écritures calligraphiées sur les hauteurs du monument mentionnant Abdellah Al Ghallib, sultan saadien. «J'ai été édifié pour la science et la prière par le prince des croyants, le descendant du sceau des prophètes Abdellah (…) Prie pour lui, ô toi qui franchis ma porte, afin que ses espérances les plus hautes soient réalisées». Le sultan saadien a fini de restaurer et de construire la medersa entre 1564 et 1565. Les lieux étaient ravagés par les aléas des guerres. Sur 1600 mètres carrés se trouvent 132 chambres où 900 étudiants âgés de 8 à 12 ans pouvaient vivre, «quatre par chambre», indique à Yabiladi un spécialiste ayant requis l'anonymat. «Les cours se font à la mosquée de la medersa, assis à même le sol, sur une natte». Les mosaïques et zellijes qui ornent les murs de la Medersa. / Ph. Capture d'écran Connaître par cœur le Coran Le privilège de vivre dans la «cité universitaire» de l'époque incombait aux étudiants qui n'habitaient pas Marrakech. Mais on exigeait d'eux qu'ils récitent par coeur les 60 chapitres du Coran. Les professeurs étaient des savants provenant de toutes les régions du Maroc, telle que Fès, Meknès ou bien de pays voisins. Chacun d'entre eux avait 40 élèves sous sa responsabilité. «Il n'y avait ni eau, ni électricité dans les chambres. La lumière se faisait au kandil (bougie, ndlr) et les enfants ramenaient un seau d'eau provenant d'un point d'eau qui s'appelait 'chouf tchouf'», confie la même source. Selon cette personne, la medresa est restée active jusqu'en 1962. «Les européens sont venus et nous ont dit "pourquoi vous étudiez sur des nattes. Chacun doit avoir une chaise"», raconte-t-elle. Depuis la medresa Ben Youssef est devenue un monument touristique de référence à Marrakech. Au sein du monument de la cité ôcre, un registre est disponible avec les noms des anciens élèves de la medersa. «Quand les membres de la famille d'un ancien viennent nous rendre visite on leur montrait la chambre qu'occupait leur proche», nous déclare-t-on. «Nous sommes ouverts tous les jours, sans exception. Même lors des fêtes religieuses et des jours, on fait en sorte de faire des roulements pour que les touristes puissent visiter», nous précise une personne travaillant dans la merdersa. Et d'ajouter avec un soupçon de fierté : «Le roi Mohammed VI nous a rendu visite en janvier dernier et a décidé de rénover les lieux. Il a beaucoup aimé l'endroit.»