Une campagne nationale de trois semaines contre le tabagisme a été lancée le 15 mai, dans le cadre des actions programmées par le plan national de prévention et de contrôle du cancer, piloté par l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC). L'objectif de cette campagne de communication est la sensibilisation du grand public, fumeur ou non, aux dangers du tabac afin de faire évoluer les consciences et éviter la première cigarette, ou inciter à l'arrêt de consommer du tabac. La finalité est de réduire la morbidité et la mortalité dues au cancer selon Ahmed Sabiri, de la direction de l'épidémiologie au ministère de la Santé, cité par la MAP. Divers moyens de communication seront mobilisés pour la réussite de l'opération: télévision, radio et affichage urbain. Des CD Rom ont aussi été élaborés avec le soutien de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), du département de l'Education nationale et des Associations de la société civile. Leurs contenus sensibilisent avec des photos et statistiques à l'appui, contre les dégâts du tabagisme. D'autres actions sont prévues au cours de cette campagne. Entre autres, la formation des professeurs, des animateurs des clubs de santé et des médecins concernés dans les académies du Royaume, dans le cadre de la poursuite du projet « Collèges, Lycées et Entreprises sans Tabac » lancé en 2007 par l'ALSC. L'enquête nationale menée en 2007 par le ministère sur le tabagisme dans le milieu scolaire, en collaboration avec l'OMS et le Centre américain de contrôle des maladies, a montré que 15,5 % des personnes âgées entre 13 et 15 ans fument. Ainsi les jeunes sont particulièrement ciblés par cette campagne. Par ailleurs, Ahmed Sabiri rapporte que l'environnement familial et social contribue aussi à la recrudescence du tabagisme, du fait que 30% de ces jeunes fumeurs côtoient un proche ou un parent fumeur, outre la vente des cigarettes aux mineurs. À ce niveau la loi est pourtant claire. La chambre des Représentants a adopté le 29 avril 1991, la loi n° 15-91 relative à l'interdiction de fumer, de faire de la publicité et de la propagande en faveur du tabac dans les lieux publics. Elle ne sera promulguée qu'en juin 1995, mais pas ses décrets d'application. En 2008, une nouvelle loi anti-tabac est votée, avec un texte prévoyant l'interdiction de la vente de cigarettes aux mineurs. Le contrevenant est passible d'une amende de 2.000 Dh, et en cas de récidive de 5.000 Dh avec possibilité de retrait de licence pour le buraliste. L'interdiction de fumer dans les lieux publics (établissements publics, administrations et bureaux, cours intérieures des établissements scolaires, cafés et restaurants dont la superficie ne dépasse pas 50 m2) est punie d'une amende de 100 Dh et le double en cas de récidive. La sanction est portée à 500 Dh s'il s'agit du responsable du lieu public lui-même. Le tabagisme est actuellement responsable de la mort d'un adulte sur dix dans le monde, et est la deuxième cause de décès au niveau mondial alors qu'au Maroc, le cancer du poumon causé surtout par le tabac occupe la 1ère place chez l'homme. Le Marocain fumeur dépense en moyenne 22 Dh par jour dans l'achat de cigarettes selon l'enquête nationale sur les habitudes et les comportements des fumeurs publiée en 2008. La loi peine face aux réalités du terrain, la sensibilisation s'avère donc être la seule arme de lutte contre la pandémie de la cigarette. Ibrahima Koné Copyright Yabiladi.com