Ces dernières années, le Maroc a fait des efforts sensibles pour la conservation des ongulés sauvages. La stratégie nationale a permis d'entamer la réintroduction dans le milieu naturel de trois espèces d'ongulés, la dernière opération datant du week-end dernier. Des réalisations qui font désormais du royaume un leader en la matière au niveau régional. «Le Maroc est aujourd'hui considéré comme un leader de la conservation des ongulés sauvages dans toute la région sahélo-saharienne», déclare à Yabiladi Zouhir Amhaouch, chef de division des parcs et réserves naturelles au Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLC). D'après lui, le royaume chérifien est l'un des rares pays de la zone à mettre tout en œuvre pour se conformer aux lignes directrices de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la principale organisation mondiale dédiée à la conservation de la nature liée au HCEFLC par un accord signé en mai 2013. «Nous avons des interventions beaucoup plus régulières et travaillons sur certaines espèces qui sont en voie de disparition dans la région», explique M. Amhaouch. La stratégie nationale en marche Les Eaux et Forêts ont en effet élaboré une stratégie nationale de conservation des sept espèces d'ongulés sauvages à savoir la gazelle dorcas, la gazelle de cuvier et le mouflon à manchettes, la gazelle dama mhorr, l'addax, le cerf de bérbérie et l'oryx. La première réintroduction d'ongulés sauvages en milieu naturel au Maroc a eu lieu en juin dernier et concernait la gazelle dama mhorr, une espèce classée au niveau international en danger critique d'extinction et qui avait totalement disparu de la faune marocaine. Son lâché dans la région de Dakhla était une première mondiale, ce qui positionnait déjà le Maroc comme pionnier en la matière. Poursuivant ses efforts, le royaume a lancé début novembre dernier un processus de translocation de 20 oryx algazelle à M'cissi, dans la province de Tinghir. C'est le premier pas vers la réintroduction de cette espèce dans la nature, à Errachidia et à Boujdour. Le week-end dernier, c'était au tour des gazelles dorcas. 120 individus ont été transférés à Errachidia où cette espèce avait totalement disparu. En revanche, on la trouve encore ailleurs dans le royaume. «La réintroduction devait aussi se faire à Assa, mais nous avons finalement transféré toutes ces gazelles à Errachidia», indique Zouhir Amhaouch. Tout un processus, soutenu par les fonds qataris ou espagnols D'après les données des Eaux et Forêts, le Maroc dispose des plus grands stocks de gazelles dorcas au monde -avec une population captive de plus 4000 animaux – mais aussi de gazelles dama mhorr, d'oryx et d'addax répartis sur 26 enclos, comme en témoigne un reportage de Medi 1 TV. Avant leur lâché dans la nature, ces ongulés sauvages sont élevés en semi-liberté dans une réserve. Une fois le processus de réintroduction lancé, ils sont transférés dans des enclos situés dans leur nouvelle aire de vie. Quelques-uns sont munis d'appareils GPS qui permettent de les localiser et ainsi étudier leur comportement. «Cette phase d'acclimatation peut durer deux à trois ans. C'est l'occasion pour nous de voir s'ils s'adaptent bien à leur nouvel environnement et est en réalité leur environnement de base», explique M. Amhaouch. Une fois que leur adaptation se confirme, les gazelles sont lâchées dans la nature et des mesures sont mises en place pour empêcher le braconnage. Toute une stratégie qui nécessite un financement important qui pousse les Eaux et Forêts à faire parfois appel à ses partenaires, comme c'est le cas pour l'opération du week-end dernier financée par la Fondation qatari pour la recherche écologique. «Le financement des opérations dépend des espèces sur lesquelles nous travaillons. Parfois nous puisons dans nos fonds propres ou alors nous faisons appel aux Qataris ou aux Espagnols …», argue l'homme de terrain.