Si le Maroc n'a pas retenu comme le Liban le cèdre comme emblème de son drapeau, il abrite sur une superficie de 134 000 hectares, une des plus grandes concentrations de cet arbre au monde. Azrou qui regroupe la plupart des forêts de cèdres est même devenue une attraction touristique. Seulement depuis quelques années, le cèdre marocain est menacé par le réchauffement climatique mais aussi par les actions de l'homme ce qui le pousse à migrer plus haut que son habitat naturel et fait reculer sa population. Le Haut-commissariat et les acteurs associatifs ont lancé un cri d'alarme qui fait écho aux négociations sur le climat à Paris. Détails. A Paris, les 10 000 délégués des 195 pays ont pris le relais pour entamer les négociations sur l'accord final sur le climat après les déclarations de bonnes intentions des 150 chefs d'Etat et de gouvernement, lors de la séance d'ouverture de la COP 21. A Azrou au Maroc, le Haut-commissariat aux Eaux et de Forêts et des acteurs associatifs tirent la sonnette d'alarme sur les menaces qui pèsent sur le cèdre marocain, indique l'agence espagnole EFE. La désertification est au premier rang des menaces touchant cet arbre qui peut être centenaire, atteindre plus de 30 mètres de haut et 2 mètres de diamètre. Le temps presse et le réchauffement climatique n'attend pas. Pour limiter ses effets, le Haut-commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) a entrepris à Azrou où sont concentrés plus de 80% des cèdres une campagne de reboisement. Elle s'étend sur une superficie de 30 000 hectares et devrait se poursuivre sur les 10 prochaines années. L'objectif de cette action environnementale de grande envergure est de limiter la désertification et réduire les risques pour le cèdre marocain. Abdeladim Lhafi, Haut-commissaire des Eaux et Forêts et à la lutte contre la désertification, pointe du doigt le réchauffement climatique qui favoriserait la migration des cèdres. «L'augmentation de la température de 2 degrés affecte l'écosystème des cèdres qui vont remonter 500 mètres plus haut que leur zone naturelle et migrent d'environ 200 kilomètres des zones méridionales vers le nord» a expliqué Abdeladim Lhafi dans des propos repris par EFE. Ce dernier ajoute que des phénomènes générés par le réchauffement climatique comme la sécheresse et les inondations constituent également des menaces sur les écosystèmes des cèdres. Il espère que le Fonds vert qui devrait mobiliser quelques 100 millions de dollars à l'horizon 2020 pourrait être mobilisé pour aider les pays non émetteurs historiques de gaz à effet de serre à limiter les effets du réchauffement climatique. Le réchauffement climatique et l'action directe de l'homme font de gros dégats En dehors des conséquences des émissions de CO2, les actions directes de l'homme impactent aussi le cèdre au Maroc. Le conifère est menacé par l'exploitation forestière illégale, la collecte de bois de cuisson ou de chauffage ou encore par le pâturage intensif. Il faut dire en effet que le cèdre est un moyen de subsistance et un contributeur économique pour les populations du Moyen Atlas. Avec le cheptel important dans la région et un recul de la végétation, la recherche de pâturages pour les animaux devient de plus en plus difficile. Les bergers n'ont alors d'autres choix que d'ébrancher les cèdres pour nourrir le bétail. Le cèdre, c'est aussi un matériel de construction très prisé pour l'ébénisterie puisque le bois de cèdre peut se négocier jusqu'à 17 000 dirhams le mètre cube. Et comme la coupe du bois est strictement réglementée, des braconniers regroupés dans des mafias organisées, profitent parfois de la nuit pour abattre des arbres qu'ils écoulent ensuite au marché noir. Autant d'actions humaines qui rendent le cèdre marocain vulnérable. Du côté des acteurs associatifs on milite pour des actions de sensibilisation. C'est ainsi que l'association de la forêt modèle à Azrou, explique que les besoins humains sont supérieurs à ce que la population de cèdres peut offrir. C'est pour cette raison que cette association tente d'agir sur la conscience collective pour la protection du patrimoine. Sur le terrain, le HCEFLCD a entrepris des actions en appui aux actions associatives. A ce titre, elle distribue des aides en espèces aux bergers pour l'acquisition de pâturages en période de sécheresse ou encore la distribution de 60 000 fours à usages multiples permettant d'économiser 15 000 tonnes de bois de chauffage. Du côté de la loi, les peines et les amendes pour la coupe illégale de bois de cèdres sont devenues plus sévères et ont permis de réduire de moitié ce genre d'actions néfastes pour le cèdre marocain désormais considéré comme un patrimoine végétal à sauvegarder. Mais l'enjeu est beaucoup plus global puisqu'il concerne le climat. Ce sera sans doute avec anxiété que les acteurs attachés à la préservation du cèdre marocain vont scruter les conclusions de l'accord final de la COP 21.