Différentes personnalités se disant «de culture musulmane» et vivant en France qualifient l'islamophobie «d'escroquerie intellectuelle». Dans un manifeste contre l'islamisme publié lundi dans Marianne, les signataires pensent que l'islamophobie vise «à anesthésier et à atrophier le débat» autour de la laïcité et de la république. Zineb El Rhazoui, Hassen Chalghoumi ou encore Mohamed Sifaoui n'épargnent pas le CFCM. Dans un long texte signé par plusieurs personnalités majoritairement «de culture musulmane», l'islamophobie est prise pour cible. Dans ce manifeste contre l'islamisme publié dans Marianne, le documentariste franco-algérien Mohamed Sifaoui, la journaliste franco-marocaine de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, l'écrivain algérien Boualem Sansal, la militante politique Zohra Bitan et bien d'autres personnalités de culture musulmane vont en guerre contre le terme "islamophobie". Selon les signataires de cette tribune, l'islamophobie ne relève que d'une «escroquerie intellectuelle» qui vise «à anesthésier et à atrophier le débat» autour de la laïcité et de la république. Les signataires expliquent notamment que les «courants islamistes, sunnites et chiites, qui instrumentalisent l'islam à des fins politiques, sont un poison extrêmement nocif pour les sociétés et le vivre ensemble». Le CFCM ciblé Ils soulignent en outre que «la République ne doit pas trembler», face à la montée de l'islamisme. Le "collectif" s'en prend aussi au CFCM (Conseil français du culte musulman) qui, selon eux, est une instance «traversée par des courants vecteurs de l'islam politique et par d'autres, liés à des Etats étrangers ne respectant pas les principes laïques ni les règles de la démocratie». Il trouve «inacceptable» que le CFCM puisse usurper une «représentation» de «plus de cinq millions de musulmans de France», avec l'accord des pouvoirs publics... Pour les signataires, dont figurent le controversé Hassen Chalghoumi qui se prétend imam de la mosquée de Drancy et le marocain athée Imad Iddine Habib, fondateur du Conseil des ex-musulmans du Maroc, «cette mascarade doit cesser au plus vite, car il n'y a pas cinq millions de personnes qui, en France, se définissent comme des musulmans». Les auteurs du textes estiment que le CFCM est une «instance préfabriquée» qui serait certes représentative, «mais ne peut représenter qu'une minorité incapable de faire passer un message remettant en cause ces dogmes archaïques et parfois violents» de ce que l'écrivain Abdelwaheb Meddeb appelait «la maladie de l'islam». Si la liste des signataires risque de faire réagir au sein de la communauté musulmane en France, le contenu de la tribune pourrait encore plus choquer. Si l'islamophobie est une «escroquerie intellectuelle», alors comment expliquer les attaques contre notamment les mosquées et les femmes voilées qui se sont multipliées ces derniers temps.