Ban Ki-moon souhaite relancer les négociations entre le Maroc et le Polisario. A cet effet, il a dépêché son chef de cabinet pour se rendre dans les camps de Tindouf. Ces déplacements sont normalement réservés à l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Sahara Occidental. Mais cette entorse à la règle est dictée par la perte de confiance du Front envers Christopher Ross. Le secrétaire général des Nations Unies joue une nouvelle carte, peut-être sa dernière, pour trouver une solution au conflit du Sahara occidental. Ban Ki-moon a dépêché, hier, son chef de cabinet, Susana Malacorra dans les camps de Tindouf. Celle-ci a rencontré plusieurs responsables du Polisario, notamment les membres de la délégation des négociateurs. Elle a même eu, samedi soir, une réunion avec Mohamed Abdelaziz. Il s'agit d'ailleurs de la première activité officielle du leader du Polisario après une absence de plus d'un mois. Sa dernière sortie remontait en effet à début mai, à l'occasion de sa présidence d'une session du secrétariat général du Front, consacrée justement à la résolution du Conseil de sécurité 2218. Il est apparu plutôt en forme et a même fait des déclarations à la presse. Ce qui n'est pas sans alimenter les soupçons sur les véritables raisons de la mise à l'écart de Mohamed Abdelaziz de la gestion des affaires. Depuis plusieurs mois, il est en effet cloitré dans son «palais jaune» et interdit de voyage à l'étranger officiellement pour des «problèmes de santé». Ban Ki-moon au Sahara Ce déplacement inattendu de la fonctionnaire onusienne pourrait surprendre. Mais il vient surtout confirmer la perte de confiance des polisariens envers Christopher Ross. D'habitude c'est au seul diplomate américain, en sa qualité d'envoyé personnel du SG de l'ONU, que revient tout ce qui concerne le dossier du Sahara, et cela depuis plus de six ans et demi. Mais depuis qu'il a proposé, en février et en mars, à la direction du Polisario et à l'Algérie de prospecter des solutions alternatives au différend territorial autre que l'option de l'indépendance, Ross a perdu énormément de crédit auprès de ces deux interlocuteurs. A l'issue de ses entretiens avec Mohamed Abdelaziz, Susana Malacorra a annoncé la programmation d'une prochaine visite de Ban Ki-moon au Sahara occidental. Des propos qui traduisent un engagement personnel de la part du secrétaire général pour tenter de relancer le processus de négociations bloqué depuis deux ans. A une année de la fin de son deuxième et dernier mandat à la tête de l'organisation des Nations Unies, le Sud-coréen voudrait au moins faire mieux que ses prédécesseurs. Ce conflit vieux de quarante ans a déjà vu Kurt Waldheim, Javier Perez de Cuellar, Butros Boutros Ghali et Kofi Annan se succéder au secrétariat général de l'ONU sans avancer d'un pouce.