La ministre française de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a condamné les propos utilisés dans la circulaire de l'académie de Poitiers au sujet de la radicalisation islamiste, qu'elle a qualifié hier "d'inappropriés". Le document Powerpoint, délivré au corps enseignant de Poitou-Charentes, avait pour but d'identifier de potentiels éléves radicalisés, au travers de critères bien spécifiques. L'Education nationale est encore une fois dans le collimateur des médias français. En plein débat sur l'embrigadement de jeunes français, l'Académie de Poitiers a trouvé judicieux de transmettre une circulaire aux enseignants avec quelques indications pour détecter les "éventuels djihadistes" au sein des établissements de la région Poitou-Charentes. Un document révélé au grand public il y a quelques jours par le site d'information Médiapart. Selon la chaine d'information Itélé, ce document aurait été conçu par l'équipe mobile de sécurité académique, à la fin d'une réunion qui n'avait rien à voir avec la prévention de la radicalisation. Intitulé «prévention de la radicalisation en milieu scolaire», le document Powerpoint met en garde les enseignants contre tout individu portant «une barbe longue», habillé en «musulman» et ayant perdu du poids suite à des «jeûnes fréquents». Et la circulaire ne s'arrête pas là. Après les critères physiques, elle s'attaque au comportement de type «repli identitaire» et demande au corps enseignant de surveiller ceux qui s'intéressent de près à l'histoire de l'Islam. "Ce sont des termes que l'on emploie au ministère de l'Intérieur" «Ce sont des termes que l'on emploie au ministère de l'Intérieur, pas à l'Education nationale», s'est indigné un enseignant au micro d'Itélé. L'ensemble des professeurs ont dénoncé une circulaire stigmatisante, caricaturale et simpliste. Quant au président de l'association des musulmans de Poitou-Charentes, Bouchaib Kamani, il aurait voulu être consulté au préalable et regrette l'utilisation de ces termes. Face au tollé suscité par le document Powerpoint, la ministre Najat Vallaud-Belkacem est monté hier au créneau qualifiant ces propos «d'inappropriés" et de choquants. Dans un communiqué de l'Education nationale, elle a rappelé que «les phénomènes de radicalisation ne peuvent être confondus avec une pratique religieuse».