Il était grand de 6 mètres et volait dans les airs du Sahara il y a 95 millions d'années, alors une région pleine de verdure et d'animaux. Une équipe de paléontologues de l'Université de Dublin a trouvé au sud-est du Maroc le squelette d'une nouvelle espèce de ptérosaure, potentiellement le plus ancien jamais trouvé. Cette découverte s'ajoute à de nombreuses autres qui prouvent l'intérêt paléontologique du Maroc. Depuis la fin du 19ème siècle, les recherches archéologiques au Maroc se sont surtout concentrées sur l'histoire et la préhistoire des civilisations humaines, et pour cause. La région entre le Sahara et l'Europe est de grande importance pour les réflexions sur les échanges culturels et les dynamiques de sédentarisation dans les différentes époques de la préhistoire. La découverte en 2007 des plus anciens bijoux jamais trouvés, dans la grotte des pigeons à Taforalt en témoigne. Mais depuis quelques années, les paléontologues s'intéressent au Maroc et se sont rendus compte que certains sites marocains en avaient beaucoup à dire sur un passé plus lointain encore, un passé où la diversification des espèces animales sur terre était en pleine évolution. Et là, les chercheurs n'ont que peu de données sur les différentes périodes, leurs formes de vie caractéristiques et le passage d'une période à l'autre. Alanqa sahariqa, phénix sorti des roches après 95 millions d'années Les résultats de l'étude du squelette de ptérosaure, publiés ce mercredi dans la revue scientifique Plos One , sont spectaculaires en ce qu'ils laissent apercevoir un nouveau type te ptérosaure, un dinosaure volant gigantesque, qui vivait en même temps que d'autres types très similaires de cette espèce. Comme le reporte le quotidien espagnol ABC.es, l'équipe qui l'a découvert l'a nommé Alanqa saharica, se référant au Phénix (al anqa), l'oiseau mythique qui survit aux flammes et surgit des cendres. Le squelette d'environ 95 millions d'années est bien conservé, et il aurait, de plus, gardé sa position originale en trois dimensions, c'est à dire que l'on peut imaginer sa forme exacte. Un long cou donnant sur de grandes ailes, qui conféraient au dinosaure une envergure de 6 mètres. Son bec, avec des mâchoires de 35 centimètres de largeur, ressemblait, selon les chercheurs, à celui d'un héron (en version XXL). Quand le Sahara était couvert d'eau Dans la région de Zagora, une équipe de chercheurs est partie encore plus loin dans le passé, découvrant un dépôt de fossiles datant de 478 millions d'années, soit de l'Ordovicien inférieur (pour voir l'échelle des ages géologiques, voir l'article sur Wikipedia). Selon l'Institut National des Sciences de l'Univers du CNRS, ce sont les «premiers gisements à préservation exceptionnelle jamais signalés dans l'Ordovicien inférieur.» Une «faune benthique» (organismes aquatiques) «extraordinairement riche et diversifiée, vivant sur un fond marin vaseux avant d'être subitement enfouie par une arrivée soudaine de sédiment» a été trouvée sur le site. Particularité: les fossiles datent d'âges différents et permettent de documenter pour la première fois sur un laps de temps d'environ 8 millions d'années la diversification des organismes. Résultat : des faunes que l'on pensait éteints à la fin du Cambrien moyen auraient survécu beaucoup plus longtemps. Une «réévaluation des scénarios évolutifs concernant la diversification animale au cours du Paléozoïque inférieur» est donc nécessaire, les transitions entre faune cambrienne et faune paléozoïque aurait été «beaucoup plus douce» qu'assuré auparavant. Paléozoïque, Protérozoïque, Phanérozoïque, Cénozoïque... Même s'il est difficile de s'y retrouver, les différentes époques géologiques sont fondées sur des caractéristiques et formes de vie distinctes. Mais les continuités et discontinuités entre les unes et les autres ne sont pas toujours faciles à établir. Selon les experts, le Maroc a de nombreux secrets à révéler à ce sujet.