La semaine dernière, les autorités interdisaient à des Espagnols appartenant à une ONG, des Iles Canaries, pro-Polisario d'entrer à Laâyoune. Hier, la même mesure a frappé quatre parlementaires européens. Quatre eurodéputés, membres de l' «Intergroupe sur le Sahara occidental», sont déclarés persona non grata par les autorités marocaines. A peine ont-ils atterri, hier, à l'aéroport de Casablanca qu'ils furent obligés de retourner en Europe, trois ont pris un vol vers Paris alors que le quatrième a embarqué à bord d'un avion vers Madrid. Laâyoune, était leur destination finale. Un déplacement, pourtant, annoncé il y a plus d'une semaine en vue de mener une enquêter sur la situation des droits de l'Homme au Sahara. Un voyage qui intervient une semaine après celui du chef de la Commission européenne, le portugais José Barroso à Rabat, au cours duquel a été annoncé le début de négociations pour un large accord de libre-échange avec le royaume. Les autorités marocaines informées de la mission des eurodéputés ? Apparemment, c'est le ministère des Affaires étrangères qui serait derrière cette décision. C'est la version défendue par Willy Meyer, un eurodéputé de nationalité espagnole, grand défenseur du Polisario à Strasbourg. Dans des déclarations au site elmundo.es, il affirme que le département de Saâd Dine El Otmani «a adressé une lettre aux représentants du parlement européen afin d'expliquer que notre voyage est un acte de provocation parce que, à ses yeux, nous faisons partie d'une délégation pro-algérienne et pro-sahraouie, du coup il considère que notre visite n'est nullement amicale». Même son de cloche chez l'eurodéputé Ico Vajgl (de la Slovénie), affirmant dans un communiqué publié sur le site : www.alde.eu du groupe des démocrates et des libéraux au PE (ADLE) que «les autorités marocaines étaient informées de la mission. Elle n'ont décidé son interdiction qu'au dernier moment». Une décision «inacceptable», conclut-il. Le remake du scénario 2009 est envisageable Cette affaire d'expulsion de ces parlementaires est appelée, à moyen terme, à connaître de nouveaux rebondissements. Les quatre eurodéputés comptent demander des explications à la présidence du parlement européen et la Haute représentante de l'UE, Catherine Ashton. Une pression qui pourrait conclure par l'envoi d'une mission d'eurodéputés au Sahara. Un remake du scénario de janvier 2009. Lorsque Rabat avait donné son feu vert à une délégation parlementaire européenne, composée de quatre eurodéputés, dont deux Espagnols, de se rendre à Laâyoune. Officiellement, le rapport de cette mission n'a pas fait l'objet de discussion au sein du PE. Mais sa publication en mars 2009 par le quotidien El Pais l'avait rendu très célèbre et causé un moment de tension entre Rabat et le parlement européen. Une année plus tard, ses recommandations avaient été adoptées à une large majorité des eurodéputés à l'occasion du démantèlement du camp de Gdim Izik.