Auprès d'une large partie de la population, le parlement marocain a une mauvaise réputation. Les poursuites judiciaires contre trois conseillers dont un qui a, déjà, perdu son siège pour émission de chèques sans provisions et un député arrêté, pris en flagrant délit de corruption, ne vont pas arranger l'image des «élus de la nation». En ce début d'année, ce sont les honorables parlementaires qui tiennent le haut du pavé de l'actualité nationale. Non pas à cause de leur légendaire absentéisme, c'est déjà un acquis pour eux, mais cette fois ce sont les démêlées de certains d'entre eux avec la justice qui en sont bien la raison. Trois sénateurs risquent la prison pour différentes accusations alors que le député, Mohamed Lahssaini a une longueur d'avance sur eux. Il l'est, depuis mercredi. Les premiers sont Hamid Kouskouss, Abdellatif Abdouh et Ahmed Hadji. Ce dernier vient juste de perdre son siège à la suite d'une décision du conseil constitutionnel accédant à une demande de la Cour d'appel de Fès. Les trois sont respectivement poursuivis pour fraude électorale, dilapidations de deniers publics et émission de chèques sans provisions. Le cas de ces conseillers est plus qu'éloquent, puisqu'ils exercent la fonction de questeurs de la 2ème Chambre. Au cas où la justice les condamne à des peines de prison, une option à ne pas écarter, la Chambre haute du parlement marocain est obligée d'élire de nouveaux questeurs. La constitution a nettement réduit le champ d'action de l'immunité Ces accusations tombent au mauvais moment pour les quatre mis en cause. L'immunité parlementaire dont ils jouissaient auparavant a été presque bannie par la nouvelle constitution du 1er juillet 2011. L'article 64 spécifie qu'«aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi ou recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion d'une opinion ou d'un vote émis par lui dans l'exercice de ses fonctions, hormis le cas où l'opinion exprimée met en cause la forme monarchique de l'Etat, la religion musulmane ou constitue une atteinte au respect dû au Roi». Le député Lahssaini pris en flagrant délit de corruption Les déboires des parlementaires avec la justice ne s'arrêtent pas là. Le cas du député Mohamed Lahssaini, de l'Union constitutionnelle, est très grave. Il a été pris en flagrant délit de corruption. Un entrepreneur, avec la bénédiction du parquet, lui a tendu un piège dans lequel le parlementaire est, directement, tombé. Aux dernières nouvelles, Lahssaini n'est pas encore derrière les barreaux, il a été admis dans un hôpital de Kénitra suite à des «problèmes de santé». Une bouée de sauvetage mis à la disposition de certaines personnalités influentes ou de leurs progénitures. Une mesure qui leur permette d'éviter les cellules glaciales des prisons, notamment durant les premiers jours de l'arrestation. L'enquête avec Mohamed Lahssaini se poursuit mais sur un autre dossier, il aurait refusé de payer la somme d'un million 20 mille dirhams que lui réclame une banque à la suite d'émission de chèques sans provisions.