Comment les Musulmans des quatre coins du monde vivent-ils ou interprètent-il leur religion dans leur pays ? C'est pour le savoir qu'un centre de recherche américain a mené une étude durant 4 ans en interviewant près de 40 000 musulmans dans le monde pour tenter de comprendre comment ils pratiquent l'Islam. Focus sur les points marquants du rapport. C'est en plein ramadan que le centre de recherche indépendant The Pew Research Center's Forum on Religion & Public Life a choisi de publier ce jeudi 9 août son tout dernier rapport intitulé «The World's Muslims: Unity and Diversity». Crée en 2001, la mission de ce centre de recherche est de mener des études sur la manière dont la religion influence la vie politique américaine et celle du reste du monde. Ce rapport de plus de 160 pages a pour objectif d'évaluer à quel point les 1.6 milliards musulmans du monde sont unis et analyse également leur manière d'interpréter ou de pratiquer l'Islam dans leur pays d'origine. 1.6 milliards de musulmans dans le monde soit près d'un quart de la population mondiale. Ce qui frappe en premier à la lecture de ce rapport est le travail titanesque qu'a mené le Pew Research Center entre 2008 à 2012. Son équipe de chercheurs a rencontré et interviewé au total 38 000 musulmans dans 39 pays du monde représentant à eux seul 67% de tous les musulmans du monde. Les interviews ont été menées en 80 langues différentes au total. Différences selon le pays d'origine Premier constat du rapport : les musulmans du monde, sans exception sont unis grâce à leur croyance en Dieu, en le Prophète Mohammad, le fait de jeûner durant le mois de Ramadan et de venir en aide aux gens qui sont dans le besoin. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de parler de l'importance que revêt la religion dans leur vie ou de la manière de la pratiquer, les avis diffèrent. La principale raison de cette différence provient tout simplement de la région où vivent les musulmans. «8 musulmans sur 10 interviewés vivant dans les pays subsahariens, d'Asie du sud-est et Asie du sud ont déclaré que la religion était «très» importante dans leur vie. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 6 sur 10 ont déclaré la même chose et aux USA, une étude datant de 2011 a montré que 6 musulmans sur 10 considéraient également la religion comme très importante pour eux», souligne le rapport. Cependant, les pays dans lesquels la religion joue un rôle moins important dans la vie des musulmans sont les anciens pays communistes. Pas plus de la moitié des musulmans interviewés en Russie, dans les Balkans et les anciennes républiques soviétiques en Asie Centrale considèrent que la religion est très importante dans leur vie. Les hommes vont plus à la mosquée Le rapport souligne également qu'il existe quelques différences dans la manière de pratiquer la religion entre les femmes et les hommes. Dans la majorité des 39 pays passés au crible, les hommes vont plus à la mosquée que les femmes. Le rapport insiste sur le fait que cela dépend surtout des codes culturels du pays qui vont limiter les sorties de la femme, et non sur le fait que la religion est moins importante pour les femmes que les hommes. Par exemple, le rapport précise que les femmes comme les hommes écoutent ou lisent le Coran au quotidien, qu'ils prient à la même fréquence ou qu'ils jeûnent tous et toutes sans exception durant le Ramadan. Distinctions entre Sunnites et chiites Le document du Pew Research Center a également voulu analyser si les musulmans interviewés faisaient une réelle distinction entre les musulmans sunnites et chiites rappelant que 87-90% des Musulmans du monde sont sunnites. Résultat : cette distinction est très présente au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Elle l'est beaucoup moins dans certains pays comme ceux d'Asie Centrale ou ceux d'Europe du sud et de l'est où la majorité des musulmans interviewés se considèrent avant tout musulmans. Soufisme Le rapport s'intéresse également au soufisme. Ce sont surtout les musulmans des pays subsahariens qui adhèrent le plus au mouvement mystique. Sur 11 des 15 pays passés au crible dans l'enquête, plus d'un quart des musulmans interviewés ont déclaré être soufis. Rien qu'au Sénégal, 92% des musulmans interrogés ont déclaré faire partie d'une confrérie. La confrérie Tijani est la plus courante dans la région.