La coalition gouvernemntale n'a pas encore été formée que les partis susceptibles d'y figurer se tirent déjà dans les pattes. L'USFP a tiré à boulets rouges sur le PAM considéré comme «trop proche» du PJD. Contrairement aux prévisions, les consultations pour la formation du gouvernement Akhannouch ne s'annoncent pas aussi faciles. Les informations faisant état d'un éventuel «véto» de Driss Lachgar à la participation du Parti authenticité et modernité (PAM) se confirment. Dans son édition de ce jeudi 16 septembre, le quotidien Al Ittihad Ichtiraki a dit tout haut ce que certains chuchotaient tout bas. Dans un édito, porteur de messages à destination du président du Rassemblement national des indépendants (RNI), la direction de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) met en garde contre la tentation de «vider la nouvelle alternance de son contenu, et ce, en ignorant la voix de l'électrice et de l'électeur marocains», lors du scrutin du 8 septembre. «Les Marocains ont choisi, en toute clarté, de mettre fin à l'étape de l'hésitation et de la polarité artificielle, dans tous les sens du terme, et il n'est pas possible de «meubler» la nouvelle alternance avec d'anciens mécanismes, les Marocains ont dit leur mot à ce sujet», précise l'édito. La «polarité artificielle», pointée du doigt par l'USFP, concerne le Parti de la justice et du développement (PJD) et le PAM, arrivés premier et deuxième aux législatives du 7 octobre 2016. L'USFP rappelle à Akhannouch l'alliance PJD-PAM Et d'enchainer en rappelant à Aziz Akhannouch que «les deux côtés de la polarité artificielle ont essayé, avant les élections, de façonner le paysage politique et de fixer un cadre pour leur travail commun, et si nous croyons à la liberté de tous les partis de choisir leurs alignements, nous ne pouvons négliger la lecture de la décision populaire claire et responsable». Le Parti de la Rose se réfère probablement à la coordination scellée entre le PJD et le PAM à la veille des élections. Les deux partis avaient tenu le 24 juillet au siège du Parti de la Lampe à Rabat, «une réunion de concertation» présidée alors par leurs secrétaires généraux, Saad-Eddine El Othmani et Abdellatif Ouahbi. Une rencontre, précédée en octobre 2019, par un accord entre les deux formations pour le partage des postes de responsabilités au conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. La présidence a été attribuée à Fatima Hassani du PAM et la première-vice présidence à Said Khairoun du PJD. L'USFP estime qu'il «serait offensant pour la nouvelle alternance et la cohésion gouvernementale (…) de "rayer" le vote populaire». Et de conclure en affirmant que «l'instauration de la confiance, mentionnée dans le nouveau projet de développement et dans les discours royaux, s'établit d'abord dans la lecture confiante du vote puis dans la confiance dans le verdict des urnes». Hier à Salé, lors d'une réunion avec les nouveaux députés du PAM, Abdellatif Ouahbi a couvert d'éloges le PJD, indiquant que la débâcle des islamistes aux élections du 8 septembre n'aura aucun impact sur la place du parti sur la scène politique. Un PAM au gouvernement d'Akhannouch risque de grignoter davantage de maroquins à l'USFP lors de la répartition des postes.