Révélations étonnantes. Des sources au gouvernement espagnol annoncent ainsi que Grande-Marlaska se serait opposé à l'accueil de Brahim Ghali en mettant «en garde contre ses conséquences» pour les relations hispano-marocaines, tandis qu'Arancha González Laya aurait parrainé cet accueil approuvé par Pedro Sanchez. A la lumière de la crise migratoire qu'a connue Ceuta, les médias espagnols sont revenus, ce mardi, sur la manière dont le ministre espagnol de l'Intérieur aurait «voulu anticiper» l'actuelle crise avec le Maroc. Ainsi, El Mundo et ABC ont affirmé que Fernando Grande-Marlaska aurait «rejeté l'arrivée dans un hôpital espagnol du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, lorsque le gouvernement s'est engagé dans le dispositif» et avait «mis en garde contre les conséquences». Ils ajoutent, citant des sources gouvernementales, que ce dernier aurait été «parrainé par la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, et approuvé par Pedro Sanchez». «Le ministre (de l'Intérieur, ndlr) s'est fermement opposé aux critères de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, consciente que l'accueil ouvrirait un large fossé avec Rabat et a insisté, sans succès, sur la possibilité que d'autres pays traitent Ghali pour des raisons humanitaires», affirment les mêmes sources. Les deux médias soulignent que la présence en Espagne du secrétaire général du Front Polisario a «énervé le Maroc avec pour conséquence l'entrée massive d'immigrants à Ceuta». Depuis lundi, une cellule de crise a été mise en place au ministère de l'Intérieur, à partir de laquelle l'action est coordonnée et les décisions sont prises, en pleine coordination avec la diplomatie espagnole et le département de la Défense», rappelle El Mundo, qui annonce un déplacement de Fernando Grande-Marlaska à Ceuta ce mardi après le Conseil des ministres qui a eu lieu plus tôt compte tenu de la gravité de la crise migratoire. Hier, l'opposition de droite en Espagne s'est saisie de la crise migratoire à Ceuta en visant particulièrement le ministre de l'Intérieur. Le Parti populaire a ainsi réitéré son appel à Fernando Grande-Marlaska, pour «présenter sa démission». «Il est devenu le meilleur allié des mafias qui trafiquent avec les gens. Il n'a rien fait lors de la crise migratoire aux Iles Canaries et n'a pas l'intention de faire quoi que ce soit pour Ceuta», a fustigé la secrétaire adjointe du PP chargée de l'organisation du parti, Ana Beltrán. Sanchez tente de ne pas fâcher le Maroc, Arancha Gonzalez en difficulté L'opposition n'a pas non plus épargné Pedro Sanchez, auquel des partis de l'opposition reprochent de ne pas apporter de réponses fermes au Maroc. Pour répondre à ses détracteurs, il a insisté sur la détermination de son exécutif de protéger les frontières. Sanchez a toutefois pris soin de ne pas irriter le Maroc, en affirmant que le royaume est «un partenaire et un pays ami de l'Espagne». Le chef de l'exécutif espagnol a affirmé croire «fermement que les relations (avec le Maroc, ndlr) doivent continuer à faire partie de la politique étrangère espagnole», en appelant à «renforcer encore cette relation amicale avec [les] voisins marocains». Mais il a annoncé un déplacement à Ceuta et Melilla qui risque de provoquer des grincements de dents à Rabat. L'exode de milliers de Marocains à Ceuta, conséquence de l'accueil de Brahim Ghali ? De son côté, la cheffe de la diplomatie espagnole, également pointée du doigt par les médias espagnols en raison de son implication directe dans la crise avec le Maroc, a fini par réviser sa position exprimée lundi. En effet, à l'image de sa sortie médiatique à la veille du mécontentement du Rabat à cause de l'accueil par Madrid du chef du Polisario, Arancha Gonzalez a balayé, hier, d'un revers de main tout contact avec les autorités marocaines suite à la pression migratoire sur Ceuta. Dans une réponse laconique à une question sur le sujet, elle a même avancé que ses services «ne sont pas au courant» des arrivées de Marocains à Ceuta. La cheffe de la diplomatie espagnole a fini par convoquer d'urgence l'ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, ce mardi. Pour le moment, les ministres espagnols de l'Intérieur et des Affaires étrangères continuent d'écarter l'idée que le Maroc utiliserait la carte migratoire pour sanctionner l'exécutif de coalition de gauche suite à l'accueil de Brahim Ghali dans un hôpital de Logroño. Du moins officiellement. Les révélations des médias espagnols ce mardi semblent faire de Fernando Grande-Marlaska l'interlocuteur idéal pour aplanir les différents entre Madrid et Rabat. Article modifié le 2021/05/18 à 16h58