Pour alimenter la thèse de la campagne conspiratrice ourdie par le Maroc, le pouvoir algérien est passé des cyberattaques à l'invasion du cannabis. Plusieurs membres du gouvernement algérien se relaient pour accuser le Maroc d'avoir inonder l'Algérie par d'importantes quantités de drogue. Le ministre des Affaires religieuses et du Waqf, Youcef Belmehdi, a ainsi rejoint le groupe lors de sa participation mardi à une conférence sur «la jeunesse et la drogue», rapporte le média local Awras. «Ce n'est plus un secret aujourd'hui. Il y a une porte ouverte du côté occidental qui cherche à répandre ce fléau dans notre société. Il existe une stratégie pour déstabiliser le pays. Les forces de sécurité et les citoyens y font face de jour comme de nuit», a-t-il souligné. Le ministre a mis de côté sa casquette de prédicateur pour pointer du doigt des «gangs qui légalisent la drogue et font sa promotion sur les réseaux sociaux ; ce sont des gens qui ne veulent pas le bien de l'Algérie». Les déclarations Youcef Belmehdi ont été précédées par la sortie de son collègue à la Justice. Belkacem Zaghmati a indiqué, le lundi 8 mars, lors de sa participation par visioconférence au 14e congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale, que son pays «se trouve à proximité de l'un des plus grands centres de production et d'exportation du cannabis au monde». Oubliant peut-être que l'ONU venait de modifier la classification du cannabis, il a ajouté que «les analyses et les rapports du bureau des Nations unies contre le crime et la drogue ont démontré cela». Le cannabis éclipse momentanément la «menace de la cyberguerre» Ces flèches décochées en direction du royaume par les ministres Belmehdi et Zaghmati, entre autres, s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle campagne réactivée depuis deux semaines par l'armée algérienne sur cette question. A l'occasion de la présentation, début mars, de son bilan des actions contre le trafic de drogue, les généraux ont accusé «le régime marocain d'user de tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières, et ce en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage», rapportait l'APS. Et de dénoncer ensuite «l'impunité assurée par le régime du Makhzen aux narcotrafiquants et aux réseaux de narcotrafic». L'épouvantail du cannabis agité par les ministres algériens vient prendre le relai de celui lié à la «menace d'une cyberguerre» agitée exclusivement et durant plusieurs semaines par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer. «Nous savons que le Makhzen a recruté des centaines d'agents dans le monde virtuel pour attaquer l'Algérie, et nous connaissons très bien la source de leur présence grâce à ce que la technologie moderne permet», a-t-il déclaré en février dans un long entretien accordé au quotidien algérien El Massa.