Dans un contexte mondial où la décarbonation de l'industrie est en passe de devenir une condition sine quoi non pour accéder aux marchés étrangers, notamment européen, au Maroc, où des avancées considérables ont été réalisées en matière d'énergies renouvelables, de forts engagements sont pris et des politiques sont mises en place. Les régions sont à cet effet au coeur de la feuille de route tracée par le Royaume. C'est le cas tout particulièrement de la région Fès-Meknès, un véritable pôle industriel en devenir. Les unités industrielles sont d'ores et déjà sensibilisées et certaines sont même en plein processus de décarbonation. Le double enjeu de cette démarche étant de réduire leur facture énergétique et consolider leur compétitivité à l'internationale. « O'Dassia », une entreprise spécialisée dans la fabrication de peinture écologique installée dans la zone industrielle de Mejjat, près de Meknès, a pris les choses en main, se lançant dans un processus de décarbonation ambitieux. Son PDG, Abdessamad Jennane a indiqué à la MAP que son entreprise a entamé, depuis quelques mois, un premier programme portant sur l'installation d'une station thermique, qui a permis à l'unité de produire près de 60pc de ses besoins en énergie à partir du solaire. La société ambitionne de couvrir, dans les deux prochaines années, la totalité de ses besoins en énergie en se basant sur la ressource solaire. C'est dans cette optique que l'entreprise projette d'adhérer, au programme initié par le Centre Régional d'Investissement (CRI) et l'Agence Marocaine pour l'Efficacité Energétique (AMEE) pour accompagner les unités locales dans leur processus de décarbonation. L'objectif, selon M. Jennane, est d'avoir une usine « complétement autonome sur le plan énergétique ». Et de souligner que le Maroc a initié un grand plan de décarbonation en faveur des entreprises exportatrices et celles opérant à l'échelle locale, porté par le ministère du Commerce et de l'Industrie et l'AMEE. Vis-à-vis du partenaire européen, l'ensemble des exportateurs seront amenés à déclarer leur bilan énergétique et leur production en CO2, a-t-il fait savoir, ajoutant que son entreprise se lance dans ce processus « pour ne pas avoir à subir des barrières à l'entrée de l'UE ». « Il s'agit d'une démarche préventive pour nous, mais qui va finir par se généraliser à l'ensemble des industriels », a estimé cet industriel de la place. Pour le directeur général du CRI de Fès-Meknès, Yassine Tazi, le processus d'accompagnement à la décarbonation des entreprises industrielles de la région de Fès-Meknès, porté par le CRI et l'AMEE, s'inscrit dans le cadre de la politique nationale en matière d'économie verte et du programme « Tatwir Croissance verte », lancé le 26 janvier 2021 par le ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie verte et numérique. Cette démarche a pour but principal, selon le même responsable, la mise à niveau de l'industrie exportatrice régionale, notamment en préparation de l'adoption du futur mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'Union Européenne (UE), à savoir la taxe carbone. Elle permettra aux exportations de se soumettre aux exigences qui seront imposées par l'UE en matière d'empreinte carbone, tout en améliorant l'attractivité de ces produits en restant compétitifs en termes de coûts, a expliqué M. Tazi dans un entretien à la MAP. Dans le cadre de ce processus, il sera procédé à la la réalisation d'audits énergétiques et environnementaux, la mise en place d'un système de management de l'énergie et le conseil et l'accompagnement pour bénéficier du financement du programme « TATWIR Croissance verte ». Le CRI a procédé, en application de la convention le liant à l'AMEE, au lancement d'un appel à manifestation d'intérêt pour appuyer techniquement et financièrement la décarbonation des TPME industrielles de la région en ciblant les projets de croissance verte. Il a, en outre, lancé une enquête ciblant des entreprises industrielles de la région. Cette étude vise à établir une classification de ces unités en fonction de critères spécifiques, qui détermineront leur assujettissement à un audit énergétique obligatoire. Cette étude fait partie d'un plan d'actions élaboré par le CRI et l'AMEE, afin de faire du programme « Tatwir Croissance verte » une vraie réussite au niveau de la région, pionnière en matière de décarbonation.