Un conflit diplomatique se profile avec l'Espagne après que la Chambre des représentants a approuvé deux projets de loi définissant les frontières maritimes et les « zones économiques exclusives » au large des côtes marocaines. La Chambre des représentants a voté le 22 janvier 2020 la promulgation de deux lois qui permettraient au Maroc de redéfinir ses frontières maritimes et de créer une « Zone économique exclusive » (ZEE). Les lois sont basées sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, que le Maroc a signée le 10 décembre 1982 et ratifiée le 31 mai 2007. L'accord sur le droit maritime fixe les limites des eaux souveraines maritimes à 12 milles marins au large des côtes respectives. En outre, il existe une zone économique exclusive définissable pouvant aller jusqu'à 200 milles marins. En cas de chevauchement, les pays voisins doivent engager un dialogue ou des négociations entre eux. La mise en œuvre de la nouvelle loi maritime entraîne actuellement des conflits dans de nombreuses régions du monde, notamment en Asie. Face aux députés, N Bourita déclare que « Le Maroc veillera sur ses droits, respectera ses engagements, restera ouvert sur les positions nationales des pays voisins amis et leurs droits légitimes, tout comme il sera disposé à un dialogue constructif de nature à aboutir à des compromis globaux et équitables, sur la base de l'intérêt mutuel, a-t-il conclu ». Des députés espagnols rejettent l'initiative du Maroc et montent au créneau Le projet de loi a déclenché un débat parfois houleux en Espagne. C'était après que du Commission de la Chambre des représentants marocain des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains vivant à l'étranger a approuvé le projet de loi le 16 décembre 2019. Le 21 décembre 2019, le Parti socialiste espagnol au pouvoir a rejeté les projets de loi, estimant que la délimitation des frontières maritimes marocaines devrait faire l'objet d'un accord conjoint avec l'Espagne. L'Espagne voit dans le projet de loi une ingérence dans sa propre souveraineté, puisque c'est lui qui possède les îles Canaries. Si la règle des 200 milles était appliquée, celles-ci feraient partie de la nouvelle zone économique exclusive marocaine. Dans ce cas, seul le Maroc aurait le droit d'exploiter les ressources de cette zone. Les députés canariens mettent Madrid sous pression « L'Espagne ne permettra pas au Maroc de toucher un seul mile des eaux des Canaries », a déclaré le président des îles Canaries, Angel Torres. Cependant, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita a réaffirmé que le Maroc a un droit souverain de redéfinir ses frontières maritimes. «Il n'y a pas de malentendus. Le Maroc a ses droits souverains et n'essaie pas d'aller au-delà de ses droits », a confirmé M. Bourita. Déjà, la visite prochaine du nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya à Rabat prévue pour vendredi 24 janvier 2020 promet d'être tendue.