Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud depuis 2009, est de plus en plus poussé vers la sortie. A l'origine des malheurs de celui qui a été au centre de pratiquement tous les scandales financiers depuis son accession à la magistrature suprême, un rapport sur la corruption, terriblement à charge pour lui, rédigé par la médiatrice de la République. « Il semblerait que des crimes de corruption aient été commis », conclut le rapport, que le président avait bien essayé d'empêcher de paraître, avant qu'il ne se résigne, acculé par la pression des manifestants devant les grilles de la présidence sud-africaine. Que reproche-t-on à Zuma ? Ses liens sulfureux avec les non moins sulfureux frères Gupta, des hommes d'affaires sud-africains d'origine indienne, qui exercent une influence certaine sur le chef de l'Etat, en contrepartie d'avantages matériels avérés. En effet, le fils du président a été directeur général d'une des entreprises du groupe Gupta, et sa fille en a été actionnaire… De plus, les frères Gupta ont été derrière la nomination de deux ministres, dont celui des Finances, un homme gravitant dans leur orbite, et surtout celui de la gouvernance, qui est en charge de toutes les affaires de corruption. Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat est exposé à de rudes critiques pour son âpreté au gain, mais c'est la première fois qu'une commission, présidée par un juge, se penchera sur son cas, et que la très respectée Fondation Nelson Mandela, écrit des choses telles qu' « il est temps que les personnes qui compromettent notre démocratie et pillent ses ressources rendent des comptes. Nous appelons le parti au pouvoir à prendre les mesures nécessaires pour protéger l'Etat et le placer dans des mains sûres et capables. La capacité et l'engagement du chef de l'Etat à faire corps avec la Constitution sont un des piliers de notre nation et comme il menace de rompre, ce sont tous les autres fondements de nos institutions qui risquent à leur tour de se briser ». Cela sonne comme un arrêt de mort (politique) pour Zuma, dont le vice-président Cyril Ramaphosa compte parmi les contempteurs. Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), se déchire lui aussi autour de Jacob Zuma. Le camp des frondeurs, mené par le ministre des Finances, Pravin Gordhan, est de plus en plus entendu. Ce dernier a fait de la lutte anticorruption, son cheval de bataille. Il est soutenu dans son bras de fer contre le président sud-africain par plusieurs hautes personnalités de l'ANC, dont le vice-président Cyril Ramaphosa, et le chef des députés de l'ANC, Jackson Mthembu. Concernant les relations tendues du pays avec le Maroc, Jacob Zuma en est le véritable théoricien, mené par ses intérêts financiers largement servis par l'Algérie, et par une hostilité personnelle envers le royaume, rompant avec les liens amicaux qu'entretenait Nelson Mandela avec Hassan II. Le vice-président Ramaphosa, en tant qu'ancien ami personnel de Mandela, pourrait contribuer à réchauffer les liens entre Rabat et Pretoria, achevant d'exploser le front anti-Maroc formé par l'Algérie, le Nigéria et l'Afrique du Sud.