La mobilisation des Gilets Jaunes, ce mouvement inédit de grogne sociale contre la politique fiscale du gouvernement français semble s'installer dans la durée ; le gouvernement qui a préféré jouer la carte du dialogue mais aussi celle de la fermeté face aux revendications des manifestants, tente de trouver une issue à cette levée de bouclier qui a pris par endroits une grande ampleur. Les scènes de violence, d'un niveau jamais atteint depuis Mai 1968, de samedi dernier mais également du samedi précédent ont marqué les esprits. A Paris, les affrontements ont fait plus de 133 blessés, dont 23 dans les rangs des forces de l'ordre, alors que 412 personnes ont été interpellées et 378 placées en garde à vue. Ailleurs en France, quelque 682 personnes ont été arrêtées dont 630 ont été placées en garde-à-vue. Lancé au départ pour protester contre la hausse des prix des carburants, le mouvement des Gilets jaunes, une initiative née sur les réseaux sociaux qui refuse toute récupération politique, s'est ensuite élargi à la critique de la politique fiscale et sociale du gouvernement. Face à ce mouvement de protestation, le gouvernement a préféré jouer la carte de la fermeté affirmant qu'il ne compte par changer le cap de sa politique fiscale tout en affirmant comprendre la colère des Français. Et un dialogue de sourd semble s'installer : d'un côté, le gouvernement qui assure maintenir le cap de sa politique tout en promettant un accompagnement des mesures fiscales pour les ménages les plus modestes et les gilets jaunes qui réclament la suspension pure et simple des taxes et impôts. Face à l'intransigeance du gouvernement, les gilets jaunes, fort du soutien d'une bonne partie de la société, vont hausser le niveau de leurs revendications, une quarantaine au total qui vont de l'augmentation du smic au retour au septennat, sans oublier bien sûr un moratoire ou un gel de la hausse des taxes sur les carburants. Dans leur détermination, ils vont jusqu'à mettre le pays au ralenti pour faire entendre leurs revendications : blocages des péages et des autoroutes, occupation des infrastructures... Et tentent même de mettre en difficulté les commerces alors que la période des achats de Noel est décisive pour leurs chiffres d'affaires. → Lire aussi : Gilets jaunes : Explosion de violence à Paris, une centaine de blessés et 255 interpellations Face à l'ampleur et à la tournure qu'ont pris les événements, le gouvernement décide de réagir en vue de reprendre les choses en main. Une grande consultation politique est lancée ce lundi par l'exécutif, en prélude à l'annonce de nouvelles « mesures » pour tenter d'apaiser la crise des « gilets jaunes ». « L'ensemble des consultations, ainsi que celles ayant eu lieu la semaine dernière, conduiront le Premier ministre à annoncer les mesures destinées à permettre le déroulement serein de la concertation décentralisée souhaitée par le président de la République, et à assurer le maintien de l'ordre et le respect de la loi », écrit Matignon dans un communiqué. Dans les rangs de l'opposition c'est l'ébullition: certains commencent à appeler même à des élections anticipées pour sortir du blocage. Mais, ''combien de temps encore la France pourra-t-elle supporter le psychodrame des «gilets jaunes»?'', s'interroge le Figaro qui résume l'état d'esprit d'une bonne partie de Français surprise par l'ampleur qu'ont pris les évènements. »Née d'une étincelle sur le prix de l'essence, cette colère entretient un mouvement irrationnel, que plus personne ne contrôle et dont nul ne sait où il mène », déplore le Figaro dans un éditorial. Dans ce contexte, le gouvernement continue à privilégier le dialogue et la concertation. Après la réception des chefs de partis représentés au Parlement, ce lundi, le Premier ministre recevra mardi après-midi un collectif de « gilets jaunes » prêt à discuter avec l'exécutif, précise Matignon. Le gouvernement a annoncé également un débat à l'Assemblée nationale et au sénat avant une consultation plus large en régions.