La France a inauguré, vendredi, le processus de fermeture de sa plus vieille centrale nucléaire, située à Fessenheim (nord-est), par la mise en place d'un comité de pilotage pour la reconversion du site « vers des activités durables et prometteuses« . Le secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu s'est déplacé pour la circonstance à Colmar (est) pour tenter de déminer ce dossier sensible qui met en péril 2.000 emplois et prive les collectivités de 14 millions d'euros de recettes fiscales. Pour ce faire, il a esquissé, devant une assistance composée d'élus locaux, d'agents des services de l'Etat, de représentants du groupe public EDF et d'associations et d'acteurs économiques, « des pistes opérationnelles » pour assurer une reconversion du site situé tout près de la frontière avec la Suisse et l'Allemagne. Mise en service en 1977, la centrale de Fessenheim emploie directement 850 salariés d'EDF et 330 salariés permanents d'entreprises prestataires, sans compter les 2.000 emplois indirects et induits. Sa fermeture, qui constitue une première pour le vieillissant parc électronucléaire français (58 réacteurs en fonctionnement, dont 2 à Fessenheim), est prévue entre fin 2018 et début 2019, au moment de la mise en place de l'EPR (réacteur nucléaire de troisième génération) de Flamanville (nord-ouest). L'une des priorités des pouvoirs publics sera les 330 emplois liés à la sous-traitance. « Sur cette question, la réponse sera franco-allemande« , a expliqué M. Lecornu. L'Etat français s'est engagé, par ailleurs, à « neutraliser les pertes fiscales » des collectivités locales concernées et exprimé son intention de lancer un appel à projets dans les domaines des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, etc.). En août dernier, le ministre français de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, avait assuré ne pas renier ses engagements en matière de réduction de 50 pc de la part du nucléaire dans la production d'électricité, se donnant cependant pour échéance 2030, voire 2035, au lieu de 2025 à laquelle il s'était engagé en premier. La cible de 2025 est « inatteignable » sans un dérapage sur les autres objectifs climatiques du pays, avait souligné alors Hulot en réponse notamment aux écologistes qui lui reprochaient de céder au lobby du nucléaire et qui percevaient dans ce report des « signes de faiblesse » de sa part. «Il y a une responsabilité, non seulement au titre de la transition énergétique, mais aussi pour des raisons de sécurité de passer rapidement à autre chose», avait-il soutenu. Pour le ministre, «ce qui est plus important (…) si on ne veut pas perdre de la crédibilité sur l'ensemble de notre stratégie énergétique, c'est de regarder la faisabilité, de planifier les choses et pas simplement se poser des totems». «On va le planifier sur une échelle de temps qui va permettre que socialement ce soit acceptable, que ça ne nous mette pas dans une situation de rupture d'approvisionnement», avait affirmé Hulot. «On va faire les choses avec une grande rationalité et pas simplement dans le symbole», avait-il expliqué. «Si on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50 pc, ça se fera aux dépens de nos objectifs climatiques et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement, si on voulait s'acharner sur cette date, il faudrait peut-être même rouvrir d'autres centrales thermiques», avait-il prévenu. Hulot avait toutefois confirmé la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. La loi de 2015 sur la transition énergétique prévoyait de ramener de 75 pc à 50 pc d'ici à 2025 la part de l'atome dans la production d'électricité française.