Selon Bernard Cazeneuve, « nous sommes concernés par des défis communs. » Dans son intervention, il a souligné l'urgence de renforcer la coopération euro-africaine pour surmonter les crises contemporaines, tout en évoquant des moments marquants de sa carrière, notamment les attentats de Charlie Hebdo et ses relations personnelles avec le Maroc. Ses propos illustrent une vision stratégique et humaine des enjeux qui lient ces deux continents. Le partenariat économique entre l'Europe et l'Afrique constitue une pierre angulaire des relations internationales, particulièrement dans le contexte actuel marqué par des bouleversements géopolitiques, économiques et climatiques. Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre français et aujourd'hui avocat associé au sein du cabinet August Debouzy, a livré une analyse approfondie de cette relation lors d'une conférence tenue à la Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc (CFCIM). « La situation actuelle, à laquelle Africains et Européens font face, présente de nombreux défis. Nous devons reconnaître que notre perception de cette réalité peut diverger, même si nous tentons de l'analyser ensemble », a déclaré Bernard Cazeneuve. Selon lui, l'Europe est confrontée à la résurrection de conflits sur son territoire, ce qui remet en question sa capacité à garantir sa propre sécurité. Face à ces menaces, il a appelé à élaborer des politiques communes en matière de défense pour atteindre une sécurité souveraine et autonome. Sur le plan économique, l'Union européenne fait face à un décrochage industriel alimenté par des choix énergétiques discutables, notamment l'abandon unilatéral du nucléaire par certains Etats membres après Fukushima. Cette situation complique l'autonomie énergétique européenne dans un contexte de compétition accrue. Il a également critiqué la tendance à percevoir le marché intérieur comme un espace réglementaire plutôt que comme un levier stratégique. Face à ces défis, l'Afrique émerge comme un partenaire essentiel. « Pour assurer notre autonomie énergétique future et répondre aux exigences d'électrification croissantes, des partenariats stratégiques avec des pays africains comme le Maroc sont indispensables, notamment dans le domaine des énergies renouvelables », a-t-il ajouté. Il a insisté sur l'importance d'établir une coopération fondée sur l'égalité pour construire un avenir bénéfique aux deux parties. L'expérience des attentats de Charlie Hebdo Revenant sur les événements tragiques de janvier 2015, Bernard Cazeneuve a partagé des souvenirs marquants de sa période en tant que ministre de l'Intérieur. « Lorsque mon directeur m'a informé de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, il semblait que toute la rédaction avait été décimée. Le choc initial était immense, tant par l'horreur des événements que par leur impact sur la nation », a-t-il confié. Il a également évoqué une rencontre émouvante avec la mère d'un policier marocain assassiné par des terroristes. « Son discours reflétait un espoir immense malgré le chagrin écrasant. Cette dignité et cette force ont laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire », a-t-il déclaré. Ces événements ont consolidé, selon lui, la nécessité d'une coopération étroite entre la France et le Maroc en matière de sécurité. Un lien personnel et politique avec le Maroc Evoquant ses relations avec le Maroc, Bernard Cazeneuve a décrit un attachement profond, nourri par des expériences professionnelles et personnelles. « Dans les années 90, j'étais actif au cabinet du ministre délégué aux affaires étrangères. Cette période m'a permis de découvrir le Maroc et d'établir des relations de travail solides avec ses responsables politiques et économiques », a-t-il affirmé. Il a relaté une visite marquante à Tanger, où il a été touché par la richesse culturelle et littéraire du pays. « L'œuvre de Tahar Ben Jelloun m'a ouvert les yeux sur les lumières du Maroc. Depuis, j'y reviens régulièrement, appréciant sa culture, ses paysages et ses habitants », a-t-il ajouté. En tant qu'ancien ministre de l'Intérieur, il a travaillé étroitement avec son homologue marocain sur des dossiers sensibles, forgeant des liens de confiance mutuelle. « Ces relations ont renforcé mon respect pour ce pays, que je considère comme un acteur incontournable dans la coopération euro-africaine », a-t-il conclu.