Face à une crise inédite touchant le secteur de l'huile d'olive, le Maroc se trouve confronté à des hausses de prix spectaculaires, une situation exacerbée par des conditions climatiques défavorables, notamment la sécheresse qui a lourdement impacté la production nationale d'olives. Cette année, les prévisions de production demeurent inquiétantes, mettant en péril l'approvisionnement local et contribuant à une flambée des prix sans précédent. Pour atténuer la pression inflationniste qui pèse sur les consommateurs et préserver l'équilibre du marché, le Maroc a donné son aval à l'importation d'huile d'olive brésilienne, une décision stratégique qui pourrait offrir un certain répit. Selon un communiqué officiel émanant du gouvernement brésilien, le Maroc a entamé les démarches pour importer cette denrée de première nécessité, en vue de compenser le déficit prévu dans la production locale. Cette autorisation constitue un tournant dans les échanges commerciaux entre les deux pays et souligne l'importance croissante du Brésil en tant que fournisseur de produits agroalimentaires pour le marché marocain. Les prix de l'huile d'olive au Maroc ont en effet connu une ascension vertigineuse, atteignant en moyenne 100 dirhams le litre sur le marché de détail, soit une hausse de plus de 100 % en comparaison aux tarifs pratiqués cinq ans auparavant. Ce renchérissement est imputable en grande partie à la sécheresse qui sévit dans le pays depuis plusieurs saisons, réduisant les rendements oléicoles et limitant l'offre disponible sur le marché intérieur. Les petits producteurs, dont les revenus dépendent principalement de la production d'huile d'olive, subissent de plein fouet les répercussions économiques de cette crise, tandis que les consommateurs voient leur pouvoir d'achat sérieusement affecté. Les autorités marocaines ont donc pris la décision d'ouvrir le marché national à l'huile d'olive brésilienne pour éviter une rupture d'approvisionnement et tenter de freiner la hausse des prix. Cette importation représente une réponse pragmatique à un problème structurel qui pourrait s'aggraver si les conditions climatiques ne s'améliorent pas dans un avenir proche. Lire aussi : Hausse des prix de l'huile d'olive : Un « échec » du Plan Maroc Vert Le choix du Brésil comme fournisseur d'huile d'olive n'est pas fortuit. Devenu en quelques années un partenaire commercial de premier plan pour le Maroc, le Brésil s'est imposé comme l'un des principaux exportateurs de produits agricoles vers le Royaume. En 2023, les importations marocaines de marchandises brésiliennes ont franchi la barre des 1,23 milliard de dollars, consolidant le Maroc en tant que troisième marché africain pour les exportations brésiliennes. Les produits agricoles occupent une place centrale dans cet échange bilatéral, qui s'est intensifié au fil des ans. Entre janvier et septembre 2024, les exportations brésiliennes vers le Maroc ont atteint plus de 903 millions de dollars, reflétant la vigueur des relations commerciales entre les deux nations. L'ajout de l'huile d'olive à la liste des produits brésiliens autorisés sur le marché marocain renforce encore cette dynamique, marquant le 193ème accès de l'année pour l'agro-industrie brésilienne à un nouveau marché. Une dépendance accrue aux importations ? Cette stratégie d'importation, bien qu'efficace à court terme pour stabiliser les prix, soulève toutefois certaines interrogations. En misant sur des importations croissantes, le Maroc risque en effet de devenir de plus en plus dépendant des marchés extérieurs pour des produits de consommation courante, comme l'huile d'olive, traditionnellement produite localement. Ce recours aux importations pourrait avoir des répercussions économiques et stratégiques à moyen et long terme, en particulier si les aléas climatiques venaient à se répéter ou à s'intensifier sous l'effet du changement climatique. Pour parer à ces risques, certains experts préconisent la mise en place de politiques de soutien aux producteurs locaux et d'investissement dans des infrastructures de gestion de l'eau et de modernisation des techniques agricoles. L'objectif serait de rendre le secteur oléicole marocain plus résilient face aux chocs climatiques et de réduire sa vulnérabilité aux aléas du marché mondial. Outre cette ouverture commerciale ponctuelle, la coopération entre le Maroc et le Brésil pourrait également s'étendre à d'autres domaines connexes, comme le partage d'expertise dans le développement agricole durable ou l'adaptation aux changements climatiques. Le Brésil, fort de son expérience dans la modernisation de l'agriculture et la gestion de grandes exploitations oléicoles, pourrait apporter un soutien technique précieux au Maroc pour renforcer sa production nationale et réduire à terme sa dépendance aux importations.