La Mauritanie a révoqué la hausse des droits de douane sur les légumes importés du Maroc, une mesure instaurée en début d'année. Cette annulation est effective depuis le 1er mai, suite à l'expiration du délai prescrit par le décret correspondant. Cette hausse tarifaire avait suscité une vive réaction des commerçants des deux côtés de la frontière, ainsi que des consommateurs mauritaniens, qui craignaient un impact négatif sur les prix à la consommation et les relations bilatérales. Victoire pour le Forum mauritanien des consommateurs avait qualifié l'augmentation des droits de douane d'« erreur majeure » et avait appelé à des négociations entre les gouvernements pour résoudre la situation. La réponse des consommateurs marocains à cette augmentation avait été initialement positive, comme en témoigne le lancement du hashtag « #شكرا_موريتانيا » (Merci Mauritanie), reflétant leur satisfaction face à la baisse immédiate des prix des légumes sur les marchés locaux. Les consommateurs marocains ont interprété cette baisse des prix comme la preuve que l'augmentation des coûts des produits agricoles ces dernières années était principalement due à des exportations excessives, et non à la spéculation ou au monopole. Cette perspective conteste la position de longue date des autorités, qui ont souvent attribué la hausse des prix à d'autres facteurs économiques. Cependant, les autorités marocaines, représentées par le ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, ont nié que la baisse des prix soit directement liée aux restrictions à l'exportation. Selon le ministre, le Maroc exporte régulièrement entre 1 000 et 1 500 quintaux de légumes vers la Mauritanie chaque année sans aucun problème majeur. Il a souligné que la Mauritanie avait simplement ajusté les droits de douane, entraînant des retards mineurs, mais que cela n'avait pas affecté les exportations marocaines vers d'autres destinations importantes comme l'Afrique, l'Europe et le Canada. Dans un contexte plus large, cette décision intervient à un moment où le secteur agricole marocain fait face à des tensions croissantes. Le Maroc envisage de boycotter les marchés de l'Union européenne en réponse aux critiques formulées par les agriculteurs européens concernant l'importation de fruits et légumes marocains. Les tomates, en particulier, sont au cœur de cette controverse, les producteurs marocains étant accusés de concurrence déloyale par leurs homologues européens. Les producteurs marocains défendent la qualité de leurs produits et leur conformité avec les normes européennes, tout en soulignant les avantages des accords commerciaux existants. Ils mettent en avant le fait que ces accords favorisent un échange mutuellement bénéfique et contribuent à la diversité des produits disponibles sur les marchés européens. La menace de boycott et la possible suspension des achats d'intrants agricoles européens pourraient avoir des répercussions significatives sur les marchés européens, exacerbant les tensions et les conflits juridiques. Par contraste, le Royaume-Uni semble prendre une direction différente en cherchant à assouplir les restrictions commerciales sur les produits marocains. Cette démarche est soutenue par le Lord britannique Daniel Hannan, qui critique le protectionnisme de l'UE et reconnaît que les produits marocains ne constituent pas une menace pour les agriculteurs britanniques. La décision de la Mauritanie de revenir sur l'augmentation des droits de douane sur les légumes marocains est un développement significatif qui pourrait non seulement apaiser les tensions commerciales entre les deux pays, mais aussi influencer les dynamiques commerciales régionales et internationales. Alors que les producteurs marocains continuent de défendre la qualité de leurs produits, les décisions prises par les gouvernements et les organismes commerciaux dans les semaines et mois à venir seront cruciales pour déterminer l'avenir des échanges agricoles dans la région.