Entre la crise du COVID-19 et le bras de fer qui oppose les enseignants à l'Exécutif, les élèves qui sont passés de l'enseignement à distances à l'enseignement en présentiel -pour ne pas dire à pas d'enseignement-, sont les victimes d'un système éducatifs déjà à la traine. En effet, le système éducatif marocain a été, des années durant, confronté à la faiblesse des acquisitions scolaires, l'inadéquation des formations avec le marché du travail, l'incohérence linguistique et une pédagogie en difficulté. D'après les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), malgré une amélioration notable du niveau d'éducation et de formation des jeunes marocains au cours des deux dernières décennies, les indicateurs de l'emploi ont continué à baisser, ce qui a conduit à une augmentation du taux de chômage, en particulier chez les jeunes qualifiés. Dans ce contexte, le Maroc s'efforce d'impulser une nouvelle dynamique à son système éducatif à travers des réformes axées sur l'amélioration des apprentissages et l'équité, dans le cadre de sa vision stratégique pour la réforme 2015-2030. Des réformes qui, selon le gouvernement, visent principalement à relever les défis sociaux tels que le chômage élevé des jeunes, l'analphabétisme et les inégalités entre les milieux ruraux et urbains. En effet, le taux de déchrochage scolaire au Maroc est un défi persistant, en particulier dans les zones rurales. Lire aussi : Confrontés à l'épidémie du virus de la tomate, les producteurs sur le qui-vive Selon les données du HCP, le taux d'abandon scolaire s'élevait à environ 5% au cours de l'année scolaire 2021-2022, avec des variations significatives entre les cycles scolaires. Le taux d'abandon au cycle primaire était d'environ 2%, tandis qu'il était de 10,3% au secondaire collégial et de 7,2% au secondaire qualifiant. De plus, le nombre total d'abandons pour cette période était d'environ 334 664, avec une répartition importante dans le cycle collégial, représentant 55% du total. En milieu rural, le taux d'abandon était également élevé, atteignant environ 5%, avec des chiffres spécifiques pour chaque niveau scolaire. Par exemple, le taux d'abandon chez les filles scolarisées en milieu rural était estimé à 5,6%, soit environ 76 000 écolières. Ces chiffres soulignent l'importance de mettre en œuvre des mesures ciblées pour lutter contre le décrochage scolaire, en particulier dans les zones rurales et au niveau du secondaire collégial. La situation actuelle n'arrange pas les choses, le dialogue entre les enseignats grévistes et le gouvernement reste infructueux, chaque parti campant sur ses positions. Les enseignants, notamment les contractuels sont en grève la majorité du temps, surtout dans les zones rurales, et ce, depuis bientôt 3 ans, le gouvernement ne veut rien savoir et utilise l'arme des retenues salariales qui ne fait qu'aggraver d'avantage la crise. Dans cette situation qualifiable de véritable chaos, ni le gouvernement ni les enseignants, et encore moins les élèves et leurs familles, ne bénéficient d'une quelconque avantage. C'est pourquoi, trouver une solution rapide et viable, que ce soit en différant la réforme ou en l'annulant tout simplement, devient une urgence. Même si, le gouvernement obéirait aux injonctions des bailleurs de fonds, notamment le FMI et la banque mondiale, le caractère inclusif des concertations et du dialogue reste une impérieuse nécessité pour l'amélioration du système éducatif. Le lundi dernier, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a finalement rompu son silence sur la question et a demandé aux enseignants de retourner en classe, auprès de leurs élèves. Le chef du gouvernement s'est engagé à créer une commission constituée des membres du gouvernement concernés par ce dialogue. Citant en l'occurrence, Chakib Benmoussa, ministre de l'Education nationale, Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences et Fouzi Lekjaa ministre délégué chargé du Budget, mission : réétudier les réformes et trouver un terrain d'entente. « Dirou Niya », a ajouté Akhannouch, faisant écho à l'expression célèbre utilisée par Walid Regragui, assurant que le gouvernement est ouvert au dialogue avec les enseignants en grève. Selon les estimations officielles, environ 90 000 éducateurs, représentant 30 % des enseignants marocains, participent cette la grève contre la nouvelle réforme qui, selon eux, augmente leur charge de travail sans offrir de compensation proportionnelle. En attendant une issue qui paraît introuvable et les familles qui peuvent se le permettre se dirigent vers le privé. Quant aux plus démunis, ils payent le prix d'un conflit qui n'est pas le leur.