Le manque de main-d'œuvre qualifiée constitue l'un des obstacles majeurs auxquels fait face actuellement l'Allemagne. La première économie européenne est confrontée à un besoin urgent de travailleurs qualifiés, le nombre d'emplois à pourvoir s'établissant à un niveau record. Pour combler ce manque, le gouvernement fédéral se tourne de plus en plus vers les travailleurs étrangers, dont les Marocains occupent une bonne place. Le niveau de qualification de la main-d'œuvre marocaine attire, en effet, l'attention de l'Allemagne, qui doit relever des défis liés à une population vieillissante et à des départs à la retraite de moins en moins remplacés. La situation est tellement critique qu'elle pousse le gouvernement fédéral à réagir, dans la mesure où cette raréfaction croissante commence à pénaliser de nombreux secteurs vitaux de l'économie. Le gouvernement fédéral, qui vise à façonner un changement structurel, a l'intention de consacrer 150 millions d'euros à la création de centres de conseil pour les candidats à l'immigration et de lancer une campagne dans neuf pays hors Union-européenne (UE), dont le Maroc, dans le but de recruter des personnes qualifiées. « D'ici 2030, la pénurie se chiffrera à près de 5 millions de travailleurs qualifiés en Allemagne. Il y a un besoin non seulement de spécialistes formés, mais aussi de stagiaires et de travailleurs dans presque tous les domaines, tels que l'industrie, le commerce et la gastronomie », a déclaré à la MAP Hicham El Founti, entrepreneur et conseiller politique de la Chambre de commerce et d'industrie de Rhénanie du Nord-Westphalie (Ouest). En effet, les Chambres de commerce et d'industrie, les associations professionnelles, les ministères compétents et l'économie allemande s'accordent sur un point : ce déficit ne peut être comblé sans migration de main-d'œuvre, a fait observer l'économiste marocain. « Dans la recherche de partenaires fiables, le Maroc a particulièrement retenu l'attention, car l'histoire le montre : Le royaume a toujours été un partenaire fiable en matière de migration de main-d'œuvre », a-t-il relevé, soulignant qu'un jalon de ce projet a déjà été posé avec le « Centre de placement des étrangers et des spécialistes » au sein de l'Agence fédérale pour l'emploi, « mais l'infrastructure locale au Maroc fait toujours défaut ». « Le pré-placement des stagiaires, des travailleurs et des spécialistes doit avoir lieu ici », a-t-il indiqué, qui met actuellement en place le premier « Centre d'emploi et de compétences pour le marché du travail allemand ». « Le Maroc est un partenaire fiable en matière de migration de travail. Il y a un large consensus à ce sujet en Allemagne. Il s'agit maintenant de construire l'infrastructure au Maroc, afin de faciliter le placement de travailleurs qualifiés sur le marché allemand. Le premier centre d'emploi et de compétences pour le marché allemand assurera exactement cette mission », a-t-il ajouté. A ce sujet, le ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri, s'est entretenu, en janvier dernier à Rabat, avec l'ambassadeur d'Allemagne au Maroc, Robert Dölger, pour discuter des opportunités de coopération entre le Maroc et l'Allemagne dans le domaine de l'inclusion économique. Les deux parties se sont engagées à développer des canaux structurés pour explorer les opportunités de la mobilité professionnelle des Marocains vers l'Allemagne, afin de répondre aux besoins du marché du travail, tout en respectant l'approche genre et garantir des conditions d'un travail décent en adéquation avec les aspirations des deux parties. Le gouvernement fédéral allemand souhaite également réviser et compléter la loi sur l'immigration de travailleurs qualifiés, entrée en vigueur en mars 2020, et ce dans l'optique de faciliter la reconnaissance des diplômes internationaux, et de fluidifier les démarches administratives. Avec MAP