Le Policy Center for the New South (PCNS) a mis l'accent sur l'importance de la transformation numérique au Maroc, en Egypte et en Tunisie dans l'industrie et l'expérience de ces pays dans la conception de politiques sectorielles, notamment industrielles et numériques. L'importance de la transition numérique dans l'industrie a été démontrée par différents acteurs, du gouvernement et du secteur privé, au Maroc, en Egypte et en Tunisie, ressort-il d'une note « Policy Paper » extraite du chapitre 7 du livre "Africa-Europe Cooperation and Digital Transformation", coédité par Chux Daniels, Benedikt Erfoth et Chloe Teevan. Pourtant, écrivent Karim El Aynaoui, Larabi Jaïdi, Akram Zaoui, auteurs de ce chapitre intitulé "Digitalise to industrialize : Egypt, Morocco, Tunisia, and the Africa–Europe Partnership", les stratégies de transformation sont souvent mal évaluées et connaissent des difficultés dans leur implémentation, notant que ces programmes devraient accorder davantage de priorité au secteur manufacturier. A ce titre, les spécialistes du PCNS évoquent le rôle potentiel que pourrait jouer l'Union européenne (UE), dans le cadre de sa coopération industrielle avec ses voisins du Sud, en matière de suivi et d'accompagnement de ces chantiers appelés à être placés en tête des agendas de ces pays, via la promotion de la recherche et innovation (R&I) et l'accès aux infrastructures et politiques industrielles. Parallèlement les auteurs soulignent la nécessité d'assurer un meilleur financement aux secteurs manufacturiers nord-africains pour leur projets de transformation numérique, en distinguant entre les deux composantes, à savoir le capital-risque et les politiques industrielles. Les instruments de capital-risque devraient être promus pour fournir de nouvelles formes de financement, autres que les prêts, aux startups et les aider à gagner en maturité, préconisent les spécialistes, appelant à l'implication des institutions de financement nord-africaines dans davantage de programmes, d'initiatives et d'instruments de l'UE, tel que le programme Horizon Europe, dans l'objectif d'assurer un meilleur dialogue entre les institutions des deux rives. Evoquant les moyens de promouvoir le renforcement des chaînes de valeur trans-méditerranéennes, les auteurs suggèrent un financement européen pour l'appui à l'investissement dans la numérisation des entreprises manufacturières par le biais de fonds publics nord-africains dédiés à la mise à niveau de la production industrielle. Et d'ajouter que des avantages fiscaux ciblés pourraient également être accordés par les trois pays pour les entreprises qui numérisent leurs activités ou forment leur personnel à l'utilisation des outils numériques. Pour ce qui est des stratégies numériques, les auteurs insistent sur l'importance du soutien technique à leur élaboration pour une mise en œuvre approfondie, et la recherche de synergies avec d'autres programmes internationaux à l'instar du Pacte européen pour l'emploi et la croissance créé en 2012 pour identifier les chaînes de valeur les plus prometteuses aux niveaux national et régional. Des mécanismes permettant des échanges réguliers sur les stratégies numériques et les politiques industrielles pourraient également être soutenus pour renforcer les chaînes de valeur Europe-Afrique, écrivent-ils, appelant à la multiplication des forums rassemblant les PME au niveau méditerranéen ce qui permettra aux entités du secteur privé d'identifier, de partager et de mettre en œuvre les bonnes pratiques, notamment en matière de numérisation et d'industrie 4.0. Dans le même ordre d'idées, les auteurs mettent en lumière l'importance d'une coopération multipartite à différentes échelles en matière de numérisation, impliquant différents acteurs de l'Union africaine et de l'UE, relevant que le secteur privé est l'acteur le plus à même de conduire la transformation numérique du tissu productif, et devrait donc être encouragé à agir plus librement, ce qui nécessite des mesures à même d'améliorer le climat des affaires. Les clusters technologiques peuvent être des outils permettant d'intégrer les efforts des différentes parties prenantes, estiment les auteurs, sollicitant la contribution des agences publiques et organisations professionnelles à l'élaboration des politiques et à une meilleure compréhension des questions et des défis liés au numérique par les législateurs.