Son visage rayonnant n'avait pas besoin d'invitation ni de permission pour s'introduire aisément et agréablement dans tous les foyers marocains à une époque où la chaîne 2M avait la chance de la compter parmi ses noms prestigieux et ses débats publics de qualité. Sa voix gutturale, modulée, timbrée et vibrante résonnait dans nos oreilles nous transportant dans des discussions politiques de grande envergure. Malika Malek était sans conteste, la vedette des grands débats en arabe, illuminant le petit écran des années 90 et les débuts des années 2000. Cette grande dame de la télévision marocaine nous a quittés lundi soir, à l'hôpital militaire de Rabat des suites d'un long combat contre le foutu mal aggravé par la bêtise humaine et cruelle de charcutiers faits médecins et faisant fi d'une profession censée être foi. Tout son courage mis à l'épreuve, toute sa volonté de s'agripper à la vie ont fait d'elle une guerrière qui se surpassait pour ne pas flancher, pour ne pas se laisser partir sans combattre. Elle qui a toujours tenu à la vie refusait de se dire que les dés étaient jetés et croyait au miracle. Malheureusement, la faucheuse ne l'a pas épargnée. Vedette du petit écran Journaliste pionnière, fidèle à ses principes, elle a dédié sa vie à son métier et défendu les droits de l'Homme en élevant sa voix pour dénoncer les travers du champ politique. Personnalité très populaire du petit écran, elle s'était illustrée en animant, pendant plus d'une décennie, quelques-unes des meilleures émissions que la télévision marocaine ait pu présenter. Les émissions phares « Wajh wa hadate » (1993-1996) et puis « Fi lwajiha » (1998-2004) ont été animées par la reine des débats politiques qui a fait défiler devant elle les sommités du pays et la large diffusion garantie par l'audiovisuel public était incontournable. Le plateau vibrait sous ses pas, certains invités appréhendaient son face-à-face et ses interviews politiques légendaires qui les mettaient à nu devant un public et des téléspectateurs éblouis par ses questions qui refusaient de s'associer à la langue de bois. Ses convictions qu'elle affichait sans se soucier des compositions sociales l'anoblissaient. Elle avait la faiblesse d'aimer et de détecter le fond et la force d'extirper l'essentiel. Si dans le monde des médias, on dit toujours qu'à un certain moment, il faut bien laisser sa place à quelqu'un d'autre, dans le cas de Malika Malek, son siège était resté vide depuis qu'on lui avait fait quitter le plateau. Toutefois, son public ne l'a jamais oubliée et guettait son retour tellement la scène sentait le vide et le blanc. Son départ comme tous les départs d'ailleurs, nous a laissé, à nous qui l'avons tant aimée, ce goût amer de l'absence qui s'annonce, de l'achevé qui nous ampute de tout espoir des retrouvailles, de la nostalgie inassouvie et de la tristesse qui nous envahit. En militante, elle est partie la veille d'un 8 mars que sa perte a vêtu de deuil pour sa famille, ses amis et tous ceux qui l'ontadmirée. Son large sourire et son regard pétillant et éclatant de vie resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Dédicace faite il y a un mois Il est des personnes qui sont nées pour être Grandes. Des personnes dont le nom à lui seul impose l'admiration et le respect. Des présences qui nous donnent la noblesse, l'intelligence et la sensibilité. Elles nous élèvent tout simplement. Des présences où le bon Dieu a mis de la beauté et de la noblesse dans sa création. Ces personnes, tu en fais partie, ma chère Malika. Tes yeux pétillants d'intelligence procurent la lumière. Tu fais le bien autour de toi et ta joie de vivre a cela de mystérieux : elle est contagieuse ! Tu es de ces figures qu'on ne peut oublier tellement tu nous as accompagnés pendant des années à travers tes émissions ô combien intéressantes et enrichissantes. Les vrais débats politiques de haut niveau c'était bien toi ! Tu leur donnais de l'esthétique et de la profondeur. Te savoir souffrante nous attriste nous, tes amis mais nous savons que tu es forte, courageuse, une femme battante qui ne courbe jamais l'échine. C'est humain de tituber sous le fardeau mais tu te relèveras encore plus forte. Toutes sortes de maux tant émotionnels que physiques nous forment, nous immunisent. Et l'adversité révèle la grandeur d'âme, cette grandeur qui est tienne. Lutte et accroche-toi à la vie parce que, vois-tu, elle est belle malgré tout et tu fais partie de ce qui l'embellit justement. Nous t'attendons et sache que derrière une attente, il y a tout... Il y a la vie. Ton sourire nous illuminera bientôt et n'oublie pas que toi-même, tu es un immense sourire ! Souad Mekkaoui