Alors que le Maroc traverse une crise hydrique sans précédent, les experts avertissent qu'une mauvaise gestion des ressources combinée au réchauffement climatique pourrait déclencher une grave pénurie d'eau potable. Une situation des plus inquiétantes qui a poussé le gouvernement à procéder à la fermeture de plusieurs stations de lavage de voitures des différentes villes du royaume. Mais est-ce suffisant pour lutter contre le gaspillage d'eau potable et garantir son approvisionnement normal? Après la phase de sensibilisation, place à la répression contre l'usage incontrôlé de l'eau potable dans les villes du Maroc. En effet, le ministère de l'Intérieur a adressé, il y'a quelques semaines , à l'ensemble des walis des différentes régions, une circulaire qui rappelle les différentes mesures restrictives à appliquer pour une gestion rationnelle des ressources en eau. Ces actions consistent notamment en l'interdiction de l'arrosage des espaces verts à partir des eaux conventionnelles dont l'eau potable, l'interdiction des prélèvements illicites d'eau au niveau des forages, des puits... Ou encore l'interdiction de l'usage de l'eau potable pour le lavage des véhicules et engins. Dans ce sens, les commissions du ministère ont mené récemment une vaste campagne de fermeture des garages de lavage de voitures utilisant de l'eau potable. Une mesure qui n'a pas été du goût des professionnels du secteur qui ont déploré l'absence de tout accompagnement financier ou allocation suite à cette décision. A cet effet, les propriétaires de stations ont commencé à chercher d'autres moyens alternatifs dans l'optique de contourner la fermeture imposée. → Lire aussi: Stress hydrique : après l'eau sanitaire, l'eau potable se raréfie Dans ce sens, l'Association des propriétaires de stations de lavage de voitures de Marrakech a adressé une lettre au gouverneur de la région de Marrakech-Safi, dans laquelle, elle lui propose de fixer une quantité d'eau raisonnable qui sera imposée à toutes les unités de lavage. L'association a souligné , par la même occasion, que la consommation d'eau par voiture ne dépasse pas les 7 litres, et ce en raison de "l'utilisation d'une matière première composée d'un savon spécial qui réduit la consommation d'eau à hauteur de 70%". Dans la même optique, elle l'invite à trouver une solution alternative à la fermeture. Pour appuyer cette thèse, l'association se dit engagé à mener des campagnes de sensibilisation à Marrakech ainsi qu'aux environs, afin d'inciter les propriétaires des stations à réduire au maximum l'utilisation de l'eau potable. « Une solution nocive » La décision de la fermeture des stations de lavage de voitures a soulevé de nombreuses critiques de la part des professionnels du secteur, des acteurs écologistes, mais aussi des associations des droits du consommateur. Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), a d'ailleurs souligné que la décision en question ne constitue , en aucun cas, une solution durable susceptible d'atténuer l'intensité du stress hydrique. Pire encore, elle ne fera qu'empirer davantage la situation. « Si les citoyens ne trouvent pas de stations de lavage de voitures, ils sortiront leurs tuyaux, et c'est là un plus grand gaspillage», a-t-il affirmé à Hespress fr. Il a par ailleurs mis l'accent sur les "graves conséquences" qui vont se répercuter directement sur un secteur déjà "fragilisé" ainsi que sur ses acteurs. Il s'agit, selon lui, d'un « bricolage qui nuit au maillon le plus faible du système, à savoir le consommateur, mais aussi à la préservation de l'eau . » De leurs côtés, les écologistes se sont également interrogés sur le sort des employés qui seront impactés de plein fouet par cette décision. Jamal Akshabab, militant écologiste et responsable de l'association des amis de l'environnement à Zagora a d'ailleurs estimé que les stations et garages de lavage de voitures ne peuvent être tenus pour responsables de la rareté de l'eau, soulignant que la décision la de fermeture devrait s'appliquer à tous les industriels et agriculteurs qui utilisent l'eau potable. Un plan d'action inefficace Certes, le gouvernement a adopté un plan d'action d'urgence afin d'optimiser la gestion de l'eau. Cependant, les politiques mises en place doivent porter sur tous les secteurs qui consomment des quantités énormes d'eau dont le secteur agricole pointé du doigt par les écologistes, qui notent que "les domaines agricoles ne font l'objet d'aucune sanction malgré leur grande contribution à la crise actuelle." Dans ce sens, KHerrati a insisté sur la nécessité d'adopter une nouvelle approche globale plus efficace susceptible de développer le secteur à travers notamment des prêts qui permettent aux professionnels de changer leurs équipements pour une gestion optimale de l'eau. Le militant estime également que «l'économie de l'eau nécessite une politique nationale claire et un contrôle des institutions qui consomment de l'eau en abondance, et ce à travers la création d'un Conseil de l'eau ».