Depuis avant-hier jusqu'hier au soir, les Marocains ont lu dans des médias, crédibles pour la plupart, des informations tour à tour sourcées et recoupées sur la réouverture prochaine, voire imminente, des frontières aériennes. La première information, relayée également par nos soins, confirmait celle rapportée plus tôt par Laquotidienne, connue pour son sérieux, dans un pur souci journalistique d'étayer la véracité d'une décision tant espérée, aussi bien par des Marocains, encore bloqués à l'étranger, que par leurs familles. Jusque-là, silence radio du ministère de la santé. Quelques heures après, certains portails électroniques, non moins crédibles, révèlent que le Comité national scientifique a émis un « avis favorable » à la réouverture de l'espace aérien, compte tenu des voyants sanitaires toujours en vert, malgré l'apparition du variant Omicron, qui serait moins sévère que la souche-mère du Covid-19. Ces sites ont, naturellement, cité une source, en l'espèce des membres dudit comité qui ont, et cela va sans le dire, préféré garder l'anonymat. À ce moment-là de la « fuite », l'information aurait retenti comme le tocsin dans le cabinet de Khalid Aït Taleb. S'est ensuivi un communiqué échafaudé pour « démentir » l'information, dire qu'il s'agit d'un hoax et recadrer le Comité scientifique. Trois en un ! Sauf que tout pour tout, les scribes du ministère sont montés cette fois sur leurs grands chevaux pour dire, principalement mais très tardivement, que les journalistes racontent des salades aux gens. « Ne croyez pas tout ce qui s'écrit dans les journaux », voulurent-ils dire le plus simplement du monde aux Marocains. En « communiquant » cette fois pour rappeler à l'ordre ses « subordonnés » au Comité scientifique, autrefois ses « collègues », – comme révélé par Hespress auquel le ministre a bien voulu donner des déclarations à ce sujet – et nier en bloc les révélations des médias, Khalid Aït Taleb a insinué l'existence de trois camps : le camp des furetés, impatients et incrédibles, c'est-à –dire les canards et les journaleux, le camp des indiscrets qui risquent maintenant l'échafaud, à savoir les membres du Comité scientifique, et le ministère de la Santé, camp des justes, des bienfaiteurs, des crédibles, des illuminés, des enluminés. Et pour ne pas remuer davantage la « plume » dans la plaie, nous allons nous contenter de rappeler au camp du bien deux de ses canulars, communiqués publiquement, naguère, quand l'épidémie battait son fort et qu'il fallait mesurer au millimètre près chaque voyelle de chaque mot prononcé ou écrit. Le premier concerne le port du masque. Même les amnésiques n'oublieront jamais la fameuse conférence de presse conjointe entre le ministre de la Santé et l'ex-chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, où ils avaient exhorté les Marocains à ne jamais porter de masque. « Inutile contre le coronavirus », avaient-ils déclaré, sans sourciller, face caméra. Quelques jours après, premier retournement de situation et les suites sont connues de tout le monde. Deuxième chavirage et non des moindres : l'obligation du pass vaccinal. A l'arrivée des premiers lots de vaccins, la fine équipe d'Aït Taleb et d'El Otmani péroraient qu'il ne serait jamais question de contraindre les gens à aller se faire vacciner. Il aura suffi de quelques mois seulement pour que le pass vaccinal devienne obligatoire pour se déplacer entre les villes, se ravitailler, s'attabler dans un café ou dans un restaurant.. pour vivre quoi ! Pour conclure, une chose est sûre : ce ministère a raté sa communication. Faire un communiqué pour démentir, et faire son exégèse quelques minutes après sur les colonnes d'un canard électronique n'est pas « Communiquer ».