La Commission fédérale américaine du Commerce (FTC) et plus de 40 Etats ont porté plainte mercredi contre Facebook accusé de devenir un monopole des médias sociaux en rachetant ses rivaux pour éliminer illégalement la concurrence. Les accords portant notamment sur l'achat de plateformes comme Instagram et WhatsApp ayant consacré la position dominante du réseau social, devraient être défaits, selon l'acte d'accusation. D'après le New York Times, les régulateurs fédéraux et étatiques, qui enquêtent sur l'entreprise depuis plus de 18 mois, ont déclaré dans des poursuites distinctes que les achats de Facebook, en particulier d'Instagram pour 1 milliard de dollars en 2012 et WhatsApp pour 19 milliards de dollars deux ans plus tard, ont éliminé la concurrence qui aurait pu un jour remettre en cause la position dominante du géant des réseaux sociaux. Depuis ces acquisitions, Instagram et WhatsApp ont grimpé en flèche en popularité, donnant à Facebook le contrôle de trois des applications de médias sociaux et de messagerie les plus populaires au monde. Les applications ont aidé à catapulter Facebook d'une petite entreprise créée il y a 16 ans à un leader mondial évalué aujourd'hui à plus de 800 milliards de dollars. « Pendant près d'une décennie, Facebook a utilisé sa domination et son pouvoir de monopole pour écraser ses petits rivaux et étouffer la concurrence », a déclaré la procureud générale de New York, Leatitia James lors d'une conférence de presse mercredi. « Facebook a utilisé d'énormes sommes d'argent pour acquérir des rivaux potentiels avant qu'ils ne menacent la domination de l'entreprise », a-t-elle martelé. La FTC a intenté un procès distinct contre Facebook pour des motifs similaires, annoncé en même temps que l'action en justice menée par les Etats. « Notre objectif est de faire reculer le comportement anticoncurrentiel de Facebook et de rétablir la concurrence afin que l'innovation et la libre compétition puissent prospérer », a expliqué, dans un communiqué, le directeur du Bureau de la concurrence de la FTC, Ian Conner. De son côté, Facebook a souligné que ses deux acquisitions de WhatsApp et Instagram avaient été approuvées par les régulateurs à l'époque. « C'est de l'histoire révisionniste », a rétorqué, dans un communiqué, la vice-présidente et avocate générale de Facebook, Jennifer Newstead. « Les lois antitrust existent pour protéger les consommateurs et promouvoir l'innovation, et non pour punir les entreprises prospères" » a-t-elle soutenu. En plus de chercher à forcer Facebook à céder Instagram et WhatsApp, la FTC et les Etats exigent des restrictions sur toute future transaction impliquant Facebook. La FTC souhaite une injonction permanente devant le tribunal qui interdirait à Facebook d'imposer des conditions anticoncurrentielles aux développeurs de logiciels et exigerait que Facebook demande un préavis et une approbation pour ses fusions et acquisitions futures. Les poursuites intentées mercredi s'ajoutent à un nombre croissant de contestations judiciaires contre les plus grandes entreprises de la Silicon Valley. Le Département de la Justice et 11 procureurs généraux étatiques ont accusé Google en octobre de maintenir illégalement le monopole de publicité et de recherche. Google a rejeté ces allégations comme « souffrant de profondes lacunes ».