Sur fonds de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, de phénomène climatique La Nina et d'insécurité alimentaire, 45 pays dont 34 en Afrique, ont désormais « besoin d'aide alimentaire extérieure », a indiqué jeudi l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). « Les incidences de la pandémie de Covid-19, principalement la perte de revenus, jouent fortement sur les niveaux mondiaux d'insécurité alimentaire », relève la FAO dans son rapport trimestriel « Perspectives de récoltes et situation alimentaire ». Pour l'organisation, la production céréalière totale des 51 pays à faible revenu et à déficit vivrier devrait progresser cette année pour s'établir à 496,3 millions de tonnes, grâce aux volumes considérables produits en Afrique australe et en Extrême-Orient. Il s'agit d'une légère hausse d'environ 7% de plus que la moyenne des cinq dernières années. Cependant, les besoins d'importations de céréales devraient atteindre 73,9 millions de tonnes pendant la campagne de commercialisation 2020-2021, une hausse principalement due aux besoins accrus des pays d'Afrique subsaharienne. → Lire aussi : LE COVID-19 RISQUE D'ENTRAÎNER 130 MILLIONS DE PERSONNES SUPPLEMENTAIRES DANS L'EXTRÊME PAUVRETE De ce fait, la pandémie aggrave « des situations déjà précaires causées par les conflits, les ravageurs et les chocs climatiques », notamment les ouragans qui ont récemment frappé l'Amérique centrale et les inondations qui ont touché l'Afrique. Dans le même temps, le rapport souligne un autre paradoxe des phénomènes climatiques. Selon la FAO, le phénomène La Niña accentue le risque que la pluviométrie soit supérieure à la moyenne en Afrique australe et en Asie de l'Est. Dans le même temps, les précipitations devraient être plus faibles dans certaines régions du Proche-Orient et d'Afrique de l'Est, ce qui pourrait causer des chocs de production. Parmi les 45 pays ayant besoin d'une aide alimentaire extérieure, il y a l'Afghanistan, le Bangladesh, Haïti, l'Iraq, le Liban, le Myanmar, le Pakistan, la République populaire démocratique de Corée, la Syrie, le Venezuela, le Yémen. Sur la trentaine de pays africains ayant besoin de cette assistance extérieure, la FAO cite : Burkina Faso, Burundi, Cabo Verde, Cameroun, Congo, Djibouti, Erythrée, Eswatini, Ethiopie, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tchad, Zambie et Zimbabwe. La FAO revoit également à la baisse ses prévisions concernant la production céréalière Pour 2020, la FAO a ajusté à la baisse sa prévision de récolte céréalière mondiale, à 2,74 milliards de tonnes. Il s'agit d'une hausse de 1,3% par rapport à 2019, ce qui représente tout de même un niveau record et une augmentation de 1,3% par rapport à la production de 2019. L'agence onusienne table aussi sur une utilisation mondiale des céréales de l'ordre de 2,74 milliards de tonnes en 2020-21, en hausse de 1,9% par rapport à l'an passé, sous l'effet notamment d'une augmentation de l'utilisation du maïs et du sorgho dans l'alimentation animale en Chine, pays qui a reconstitué ses élevages porcins décimés par une épidémie depuis 2018.