La phraséologie abonde de stéréotypes repris en chaine, lorsqu'il s'agit pour les ONG internationales de défense des droits de l'homme et la presse internationale de dépeindre le profil d'Omar Radi. Jusque là méconnu par ses paires à l'étranger et au Maroc, une partie bien connue de ses derniers s'investit, actuellement, a lui tresser des couronnes pour en faire l'icône locale de la liberté d'expression. Pour eux, Radi serait victime d'un acharnement politico-judiciaire sans précédent de la part des autorités de son pays, très agacées, insistent-t-ils, par son travail d'investigation qui ne cesse « de mettre régulièrement à mal l'image du Makhzen et les tares d'un système de gouvernance corrompu et délétère, au sein duquel la prédation économique et l'affairisme des élites politiques seraient les maitres mots ». Entre l'allégorie du journaliste à la plume incendiaire et la réalité de ses écrits, nous avons voulu en savoir plus sur le profil véritable de ce journaliste, qu'on ne finit plus de présenter comme l'épouvantail de l'Etat. Lorsque l'on prend le temps de restaurer l'empreinte journalistique du rédacteur-stagiaire Omar Radi, on s'aperçoit sans grande surprise, que l'écrasante majorité de ses articles n'ont rien à voir avec le style de l'investigation, tant leur contenu reflète le suivi d'une diversité de sujets d'actualité classiques, qui traitent pêle-mêle du monde de l'entreprise, de la finance, de la gestion communale, du développement de la téléphonie mobile et d'Internet au Maroc, de l'agriculture, du tourisme, ou encore de la place du rap dans la culture marocaine, sans oublier les publi-rédactionnel destinés à faire la promotion de marques commerciales, et dont on confie habituellement l'écriture aux petites mains débutantes. Pour être plus exhaustif, il faut, également, préciser qu'il est arrivé à Omar Radi de s'aider des communiqués d'Attac et de l'Amdh, pour narrer de manière factuelle quelques incidents isolés concernant les protestations d'une population villageoise qui revendique son désenclavement, ou encore des mélodrames sociaux, comme il en arrive tous les jours dans chaque recoin de la planète. Aux origines du mythe sur le corbeau du Makhzen. Mais telle l'intrigante Arlésienne, dont tout le monde loue la beauté idyllique sans que l'on voit son visage, Omar Radi s'est vu, soudainement affublé par une certaine presse française trotskiste, d'une série de substantifs et qualificatifs inspirés de la littérature jacobine, comme celui « d'ultime challenger du régime », voire même « le vaisseau amiral d'une dissidence » s'attaquant à l'expropriation des terres collectives, l'économie de la rente et la répression des mouvements sociaux, quand ce n'est pas son fougueux et émotif ex-patron, Aboubakr Jamai, qui l'oscarise comme l'unique journaliste marocain expert en économie politique, dont les enquêtes font « peur » et peuvent causer de « gros problèmes » au pouvoir marocain. Pour mieux faire briller l'étoile de Omar Radi dans le halo des esprits nébuleux qui s'indignent contre tout et rien, un site web de soutien lui a même été dédié, pour y magnifier en six langues ses « enquêtes » téméraires, qui lui ont valu ses galons d'opposant « homérique » du régime marocain, tant ses écrits seraient potentiellement menaçants pour sa stabilité. Dans ce mini-press book numérique, on trouve tout au plus une dizaine d'articles dits « d'investigation », qui d'après les supporters du journaliste-stagiaire Omar Radi, seraient à l'origine de tous ses démêlés judiciaires actuels avec l'Etat, et parmi lesquels figure en bonne place un article non signé et publié le 26 Juillet 2016 sur le site « Lakome », au sujet des terrains dont ont bénéficié les « serviteurs de l'Etat »(« Khouddam Dawla »), une affaire qui, pour la petite histoire, avait été initialement débusquée trois jours auparavant par le site « Hespress », un webzine réputé pour son professionnalisme au-delà des frontières nationales. Mais bien que ce site d'information arabophone, le premier à avoir été lancé en 2007 au Maroc, avait dévoilé sans nulle autocensure, les noms des principaux bénéficiaires, c'est à Radi que certains fossoyeurs de l'Histoire en attribuent insidieusement aujourd'hui tous les mérites « pour avoir été à l'origine de la fuite de données sur ce scoop ». Ce détournement sournois des droits d'auteurs, on le retrouve également dans le cadre du fameux « décryptage », publié par le défunt site « lakome.fr », sur les exploitants des carrières de sable de Ain Tighza à Benslimane, ayant ciblé le directeur du secrétariat particulier du Roi, qui, soit dit au passage, constitue, aux cotés d'un nombre restreint de hauts dignitaires de l'Etat marocain, la rampe de lancement favorite pour les journalistes non reconnus et cherchant à sortir de l'anonymat, en se targuant d'avoir battu en brèche le puissant « Makhzen économique », une formule journalistique surannée, qui du reste ne signifie plus rien pour les marocains avertis, tant celle-ci est devenue un fourre-tout sans nom. Si par souci d'équité, il est utile de rappeler que cet article n'est pas l'œuvre exclusive de Omar Radi, compte tenu de la contribution effective à sa réalisation de deux autres journalistes, à savoir Aboubakr Jamai et Christophe Guguen qui, d'ailleurs, n'ont jamais été inquiétés à ce propos, il n'empêche que c'est le premier cité qui en a tiré encore une fois toute la gloire, pour avoir fastidieusement cherché, à faire émerger au forceps le nom de Majidi, en démêlant sans résultats probants, les écheveaux des bilans financiers d'une panoplie de sociétés nationales et étrangères, dont certaines sont domiciliées dans des paradis fiscaux, et avec lesquelles ce dernier n'a aucun lien organique ou financier. Bien qu'il s'agisse du seul et unique article de son répertoire journalistique, dans lequel il a évoqué Mounir Majidi, le site web précité, qui a été dédié au soutien de Omar Radi, ne se prive pas de pérorer sur l'audace de ce journaliste, qui aurait publié « plusieurs papiers », au demeurant inexistants, sur le directeur du secrétariat particulier du Roi, en particulier et le Makhzen en général, mais qui au bénéfice du doute, doivent probablement avoir égayé les lectures des anges du Cloud. L'historien qui rêve de la résurrection de Bou Hmara. Mieux encore, il est indiqué que c'est en hommage à l'audace -illusoire- de sa plume pamphlétaire contre le Makhzen, que ce journaliste a remporté, en 2013, le premier prix du journalisme d'investigation décerné par « l'Association marocaine pour le journalisme d'investigation » (AMJI), une structure fondée par Maati Mounjib, l'historien et incubateur national de la dissidence au sein de la presse marocaine, auquel Omar n'a pas hésité à consacrer un très long article de 15 pages, également catalogué parmi, le Top 10 de ses articles les « plus virulents ». Dans cette autre pseudo-enquête-investigation, Radi évoque les déboires judiciaires de Maâti Monjib, accusé de détournement de subventions d'ONG étrangères, en reprenant ipso facto, l'argumentaire de ce dernier, qui ne cesse de dénoncer la supposée persécution que lui infligerait le régime marocain. Une « enquête », donc, aux allures de plaidoyer pro domo, où ne transparait aucun avis contradictoire, comme le préconisent les règles éthiques et déontologiques du métier, surtout lorsqu'on prétend s'attaquer au périlleux exercice de l'investigation journalistique. S'agit-il alors, d'un renvoi d'ascenseur entre, d'une part, le journaliste redevable à l'historien de l'avoir adoubé, grâce au trophée de l'AMJI, parmi les plumes anti-système, qui deviennent par la force des choses, les seules « sources fiables » des ONG et médias étrangers hostiles au Maroc ; et d'autre part, l'historien, qui manipule perfidement ses obligés comme Omar Radi, en les incitant à multiplier les articles dans la presse occidentale, pour accréditer la thèse insipide, selon laquelle il serait victime d'un règlement de compte politique orchestré par le pouvoir ? C'est dans la réponse à cette question que réside très certainement la clé permettant de comprendre la supercherie à l'origine de la fausse légende tissée autour d'un Omar Radi, démesurément gonflé comme une baudruche. L'acharnement à vouloir politiser l'affaire de ce journaliste, en tentant de l'ériger en un burlesque Rogui Bou Hmara du XXI siècle, qui donnerait des cauchemars à l'Etat des institutions, n'a d'égal que l'obsession de l'historien Maati Mounjib, à vouloir se soustraire lui même à la loi du « Bled Al Makhzen », en croyant pouvoir attiser la « Siba », à travers la remise en cause internationale de l'indépendance de la justice d'un Etat souverain, où la séparation des pouvoirs est devenue une réalité tangible depuis la Constitution de 2011.