Alors que les échecs des essais cliniques du projet international Solidarity mené par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur des médicaments potentiels contre le Covid-19, avaient plongé la communauté scientifique dans l'incertitude et la controverse, les résultats encourageants de nouvelles études de recherche aux quatre coins du monde concernant le développement d'un vaccin contre le coronavirus suscitent un grand espoir dans la lutte contre la pandémie. Dans la course contre la montre pour trouver un vaccin sûr et efficace contre le Covid-19, deux projets (un britannique et un chinois), sur les 160 autres recensés par l'OMS, ont annoncé lundi avoir produit une réponse immunitaire importante. Selon les résultats de deux essais cliniques distincts, publiés dans la revue médicale britannique The Lancet, aucun des deux projets n'a enregistré d'effet indésirable grave, mais des essais sur un nombre de participants plus important doivent encore avoir lieu, avant d'envisager leur commercialisation. Le premier, développé par l'université d'Oxford en partenariat avec AstraZeneca, a généré « une forte réponse immunitaire » dans un essai sur plus de 1.000 patients, tandis que le second, soutenu par CanSino Biologics, a provoqué une forte réaction en termes d'anticorps dans un autre essai chez la plupart des quelque 500 participants. « Si notre vaccin s'avère efficace, c'est une option prometteuse, car ce type de vaccin peut être fabriqué facilement à grande échelle », a commenté Sarah Gilbert, chercheuse à l'université d'Oxford. Ces deux vaccins sont basés sur un adénovirus modifié qui ne se réplique pas, ce qui les rend plus sûrs notamment pour les patients fragiles. Bien qu'encourageants, ces résultats restent préliminaires. Les deux vaccins passent désormais en phase 3, soit des tests à plus large échelle afin d'assurer qu'ils soient efficaces et sans dangers. Un autre laboratoire britannique, Synairgen, a présenté lundi les résultats d'un médicament baptisé SNG001, qui réduirait de 79% le risque de développer une forme sévère de la maladie Covid-19 – mais il n'a été testé que sur un échantillon très réduit de patients (101). La semaine dernière, c'était au tour du laboratoire américain Moderna d'annoncer des résultats prometteurs dans la recherche d'un vaccin contre le coronavirus. Avant tout le monde, ce laboratoire américain a annoncé le lancement avant la fin du mois d'un test clinique à large échelle. Environ 30.000 volontaires se feront injecter un vaccin synthétique qui contient le code génétique du virus capable de provoquer dans le corps une réaction protectrice contre la maladie. Cette technologie n'a encore jamais prouvé son efficacité contre un virus, mais les premiers résultats cliniques de Moderna sont prometteurs, selon Nicolas Winssinger, professeur au Département chimie organique de l'Université de Genève qui étudie les réactions immunitaires des patients atteints du coronavirus. « Ce qui est vraiment encourageant, c'est que cette première phase d'essais a clairement montré que les patients avaient un niveau d'anticorps comparable aux patients qui ont guéri de la maladie », a-t-il confié à la télévision suisse RTS. Au Canada, l'entreprise biopharmaceutique québécoise Medicago a indiqué, pour sa part, que son vaccin candidat a généré une réponse en anticorps positive chez la souris dix jours après l'administration d'une seule dose. En Russie, le ministère de la Défense a annoncé lundi que la phase des essais cliniques d'un vaccin contre le coronavirus ont été achevés avec succès. »Le deuxième groupe de 20 volontaires est sorti de l'hôpital militaire après avoir subi un examen final et des tests sanguins qui ont démontré sans ambiguïté que tous les volontaires ont développé une réponse immunitaire à la suite de la vaccination » a ajouté le ministère dans un communiqué. Aucun effet secondaire, complication ou réaction indésirable n'a été recensé chez le groupe de volontaires, souligne la même source, ajoutant que tous les volontaires seront rappelés pour de nouveaux tests 42 jours après la vaccination, afin de confirmer le résultat positif. « Il y a différents types de vaccins qui peuvent servir pour différentes raisons dans différents contextes, que ce soit l'âge de la personne ou son état de santé. Donc chaque vaccin aura sa place. Et il s'agira aussi de répondre au défi que représente une production sur le plan mondial », a expliqué à la RTS, Rosamund Lewis, du groupe de réponse au Covid-19 de l'OMS.