Le projet controversé de réforme des retraites a été adopté, dans la nuit de mardi à mercredi, en première lecture par l'Assemblée nationale. Après treize jours de débat parlementaire, les députés ont rejeté les deux motions de censure déposées par la droite et la gauche, après le recours du gouvernement à l'article 49.3 pour adopter la réforme des retraites. Cet article permet à l'exécutif de faire passer son projet de loi sans le vote des parlementaires. Samedi, le Premier ministre Edouard Philippe avait annoncé devant l'Assemblée nationale qu'il allait recourir à l'article 49.3 pour mettre en oeuvre le projet de réforme des retraites. Le Premier ministre a justifié son choix en évoquant la stratégie d'obstruction menée, selon lui, par une partie de l'opposition. Cette décision a suscité un tollé dans les rangs de l'opposition. Elle a été aussi froidement accueillie par une partie de la Majorité qui s'interroge sur la méthode et ses effets. « Conformément à l'article 49.3 de la Constitution de 1958 et après en avoir obtenu l'autorisation du Conseil des ministres, j'ai décidé d'engager la responsabilité du gouvernement pour le projet de loi instituant un système universel de retraite« , avait lancé le Premier ministre français. La première motion de censure, déposée par les socialistes, les communistes et les « insoumis« , n'a récolté que 91 voix alors que 289 votes étaient nécessaires pour l'adopter. Pareil pour la motion de censure déposée par les Républicains et qui n'a recueilli que 148 voix. De ce fait la Majorité présidentielle a réussi à faire tomber les deux motions. Par conséquent « la réforme des retraites est considérée comme adoptée par l'Assemblée nationale », rapportent les médias du pays. Considérée comme l'une des promesses phares d'Emmanuel Macron aux présidentielles, la réforme du régime des retraites est destinée à repenser le dispositif actuel qui absorbe 14% du PIB avec 300 milliards d'euros de prestations de retraite chaque année, et un déficit compris entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros à l'horizon 2025. La réforme repose essentiellement sur la création d'un système universel de retraite par points, – en remplacement des 42 régimes existants actuellement-, qui vise l'uniformisation des règles de calcul des pensions, et partant la suppression des régimes spéciaux. Mais cette réforme « ambitieuse » de l'avis du gouvernement, destinée à repenser un système défaillant a donné lieu depuis début décembre à un conflit social exceptionnellement long avec des grèves et des mobilisations nationales à l'appel des Syndicats qui ont dénoncé le recours au 49.3 comme « un coup de force » de la part du gouvernement. Selon les médias du pays, les députés vont devoir désormais examiner le deuxième volet de la réforme dont l'adoption définitive est attendue à l'été, après son passage devant le Sénat.