En prélude à la Présidentielle d'octobre 2020, la Côte d'Ivoire a vécu le 04 septembre au rythme d'un remaniement ministériel assez « politique » si on ose dire. Une analyse des différentes biographies des ministres choisis laisse aisément constater qu'il s'agit bel et bien d'un exécutif soigneusement choisi pour partir en campagne. En d'autres termes, il est question d'une équipe qui aura pour mission de préparer le prochain scrutin. Le nouveau gouvernement dit de mission, compte dans ses rangs des personnalités influentes qui ont du poids, normalement, dans les zones où le Rassemblement des « Houphouëtistes » pour la Démocratie et la Paix (RHDP) pourrait se montrer faible. Ceci dit, le nouveau gouvernement ivoirien, toujours coiffé par le premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, que beaucoup d'observateurs considèrent comme le Dauphin d'Alassane Dramane Ouattara (ADO), compte 41 ministres et 7 secrétaires d'Etat, (36 ministres et 5 secrétaires d'Etat dans l'ancien gouvernement), tous des politiques chevronnés, et des habitués aux rouages de l'autorité et la gouvernance, et dont le parcours professionnel s'avère riche et remarquable. Ce remaniement ministériel intervient donc à un moment assez particulier où, il convient de tout boucler pour permettre au RHDP de mieux se positionner sur l'échiquier politique ivoirien et d'obtenir les meilleurs résultats au terme de l'échéance de 2020 qui s'annonce disputée. Toujours en chiffres, il s'agit de 10 ministres entrants et un seul ministre quittant le maroquin de l'Agriculture et du Développement Rural à savoir : Mamadou Sangafowa Coulibaly, considéré par plusieurs observateurs au fait de la scène politique ivoirienne, comme un pro-Soro, ex- président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire. On avance, également que l'ex-responsable du Département ivoirien de l'Agriculture, depuis la création du parti unifié : le RHDP a toujours été l'un des rares membres du gouvernement, qui s'est vu entièrement « réservé » dès qu'il s'agit de faire la promotion pour le compte de ce parti. Une posture, qui justifierait, sans doute, son éviction de l'hémicycle du nouveau gouvernement. Donc loin d'être un remaniement gouvernemental stricto- sensu, il s'agit d'un réaménagement à minima, avec 9 femmes dans le cadre de cette nouvelle équipe exécutive. Autre poste inchangé et celui de la Défense à la tête duquel, Son Excellence Alassane Dramane Ouattara a bien voulu, garder aux commandes Hamed Bakayoko. Il en est de même pour un autre département stratégique à savoir celui des Affaires Etrangères où, on a maintenu le ministre, Marcel Amon- Tanoh. Au ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, le choix a porté sur le Général Diomandé Vagondo, qui occupait jusque-là le poste de Chef d'Etat- Major particulier du Président ivoirien. Remplacé par Adama Coulibaly, son directeur de Cabinet, Adama Koné, le ministre de l'Economie et des Finances, s'est vu attribuer la mission de ministre auprès du Président de la République, chargé des Affaires économiques et financières. Après son entrée en fonction officielle, le nouveau gouvernement a tenu sa première réunion hebdomadaire, sous la présidence du Chef de l'Etat, Alassane Ouattara. Dans sa déclaration, le chef de l'Etat a félicité les nouveaux Ministres et les nouveaux Secrétaires d'Etat qui viennent de rejoindre l'équipe gouvernementale. « Vous êtes des hommes et des femmes d'expérience, des personnes engagées ; je suis convaincu que vous apporterez une contribution importante à l'action quotidienne du Gouvernement », a-t-il lancé à leur adresse. Il a aussi félicité particulièrement le première ministre pour la formation de ce nouveau gouvernement qui reflète la volonté de rassemblement au sein du RHDP. « Comme vous avez pu le constater, nous avons procédé à un élargissement du Gouvernement pour tenir compte de la diversité de notre pays. Ainsi, la quasi-totalité des régions de la Côte d'Ivoire est représentée », a précisé Alassane Ouattara, avant d'ajouter que « l'un des changements majeurs est la scission du Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité ; cela a d'ailleurs été le cas de 1991 à 2011. La séparation de ces deux Ministères me paraît nécessaire à nouveau compte tenu de l'importance des défis dans notre pays ». Ainsi, le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile aura à faire face aux menaces sécuritaires et à la lutte contre le terrorisme, en liaison avec le Ministère de la Défense. Le Ministère de l'Intérieur, devenu Ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, aura, quant à lui, un rôle important à jouer dans la préparation des prochaines échéances électorales, a expliqué ADO qui souligne que ce ministère ait déjà beaucoup contribué aux discussions pour la mise en place de la nouvelle Commission Electorale Indépendante. Pour ne rien laisser au hasard et toujours dans un souci de compétence et de professionnalisme, le président de la république a longuement insisté sur le choix des directeurs de Cabinet qui à ses yeux se veut « primordial ». Dans ce sens, il a demandé au Premier Ministre que le choix des Directeurs de Cabinet lui soit soumis pour validation. Alassane Ouattara a précisé aussi que le Ministre Adama Koné, anciennement Ministre de l'Economie et des Finances, a été nommé Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires Economiques et Financières en vue de représenter la Côte d'Ivoire, en tant qu'Administrateur, à la Banque Africaine de Développement (BAD). L'objectif, précise-t-il, est de soutenir le Nigéria dans la quête du renouvellement du mandat du Président Akinwumi Adesina qui fait un excellent travail.