La crise de l'électricité qui frappe actuellement l'Afrique du Sud ne semble pas prête à lâcher prise, poussant ce pays au bord du blackout total. Les coupures du courant, mises en œuvre par la compagnie publique de l'électricité, Eskom, se sont aggravées depuis la semaine dernière. La compagnie a été acculée à augmenter la fréquence des délestages suite à l'interruption des importations de l'électricité du Mozambique voisin, frappé par le redoutable cyclone Idai. Le gouvernement dirigé par l'ANC a été à pied d'œuvre mardi pour au moins apaiser les craintes d'une communauté économique, en particulier les petites et moyennes entreprises, frappée de plein fouet par les coupures. Les Sud-Africains ordinaires sont aussi alarmés. Les coupures du courant et l'obscurité offrent des ingrédients supplémentaires à une criminalité déjà inquiétante dans le pays. Le président Cyril Ramaphosa, s'exprimant depuis le hub touristique du Cap (sud du pays), a indiqué que la crise de l'électricité représente actuellement sa première priorité. Le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, a, quant à lui, reconnu que l'Afrique du Sud était loin de régler la crise de l'électricité, qui vient saper les efforts visant à redynamiser une croissance économique molle. Le responsable a tenu, toutefois, à rassurer que le pays était aussi loin du blackout total. Cependant, la crise est tellement grave que le gouvernement Ramaphosa se trouve incapable de fixer une date pour une fin de ces redoutables opérations de coupure du courant. → Lire aussi : Venezuela: décès de 15 patients à cause de la panne d'électricité Les Sud-Africains devront attendre, selon les déclarations de Gordhan, jusqu'au mois D'avril prochain pour être fixés sur le sort d'un secteur névralgique. Dans les rues de Johannesburg, capitale économique et cœur battant de ce pays compté parmi les plus industrialisés du continent africain, l'ambiance générale cède à la frustration. Les grandes artères de la métropole connaissent des embouteillages interminables, les feux de la circulation ne fonctionnant plus. Les restaurants et autres petits commerces sont au point mort. Une situation qui dénote d'une grave crise que l'ANC se doit de gérer à l'approche d'une importante échéance: les élections générales (législatives et provinciales) du 8 mai prochain. Le gouvernement rassure que des solutions seront proposées à la fin d'une mission d'enquête mise en place par le président Ramaphosa. L'équipe qui examine les défaillances d'Eskom, devrait soumettre un rapport détaillé et indépendant sur la situation, a dit le ministre des Entreprises publiques. En proie à une dette pharamineuse, Eskom, qui fournit 90 pc des besoins du pays en électricité, a entamé en février dernier ces délestages électriques, imposés par les défaillances dans sa capacité de production. Il s'agit de délestages de niveau 4, signifiant une grande réduction de la production, un niveau jamais atteint depuis plus de cinq ans. Désormais, on parle d'une augmentation des délestages aux niveaux 7 et 8. Cette mesure intervient sur fond d'une grave crise financière affectant Eskom, dont la dette s'élève à environ 30 milliards de dollars. C'est le résultat de la mauvaise gestion et des pillages de fonds de l'entreprise durant le mandat de l'ancien président Jacob Zuma (2009-2018), indiquent les analystes.