Un brin de nostalgie mauresque a illuminé par son éclat la nuit de la 4-ème édition de "Takassim wa Mawawil", qui a honoré cette année le doyen de la Radio nationale, Mohamed Bendeddouch. Par Laila Chafii Rabat- 10/04/10- Un brin de nostalgie mauresque a illuminé par son éclat la nuit de la 4-ème édition de "Takassim wa Mawawil", qui a honoré cette année le doyen de la Radio nationale, Mohamed Bendeddouch. Dans une harmonie parfaite, onze musiciens marocains, menés en main de maître par le grand luthiste Nasser Houari et accompagnés de trois musiciens espagnols, dont le guitariste Chapi Pineda, ont brillamment étalé, le temps d'une soirée, leurs talents sur les planches du théâtre national Mohammed V. Après avoir interprété séparément des Mouachahat arabes authentiques et d'autres en langue espagnole, l'ensemble musical a marié les deux formes musicales dans une symbiose quasi-naturelle. La musique, tantôt lente tantôt rapide, reflétait à la fois la souffrance de la séparation et la joie de la rencontre. "Les musiques arabe et espagnole se marient facilement, parcequ'elles ont des racines communes", estime le guitariste espagnol, Chapi Pineda, qui note que "l'improvisation ouvre, elle aussi, la voie à chaque membre de l'ensemble pour démontrer sa capacité de création". C'est la musique qui est célébrée avant tout. "La musique procure l'amour et chasse la tristesse. Toute musique qui déclenche tout ou partie des sentiments est une bonne musique", a-t-il confié à la MAP. Le flamenco a été aussi de la fête. Le guitariste Matias lopez Exposito, accompagné du percussionniste Manuel luque perez et de la guitariste Matias lopez Exposito, a gratifié le public de chansons du flamenco, tout en l'agrémentant de notes de la musique arabe. Le trio a ensuite enchaîné par un morceau chargé de nostalgie mauresque. L'ensemble de Nasser Houari a interprété, quant à lui, une série de mouachahat andalous. Mené par le célèbre chanteur Abdessalam Khalloufi, le groupe, qui était composé de Nabil Akbib (violon), Mohamed Rochdi Lamfarrej (quanun), Said Nouier (ney), Abdelali Roudani (violoncelle), Mohamed Benabdallah (tambourin) et Mahjoub Bacha (percussion), a interprété notamment des morceaux authentiques comme " Allailo Ya Laila " et " Kaddouka Lmayyal ". Les "Takassim" sont, selon Nasser houari, " une forme d'improvisation instrumentale, modale et technique, exécutée de manière spontanée et qui donne la possibilité à l'instrumentiste de démontrer sa compétence et sa technique du jeu, ses connaissances des modes et des gammes et surtout sa capacité de créer instantanément des mélodies et phrases musicales qui plaisent et enchantent l'auditeur". Le "Takssim", dit-il, est une "oeuvre propre à chaque artiste, qui naît spontanément grâce à des facteurs liés au temps, à l'espace et à l'inspiration de l'artiste". Comme les Takassim, les "Mawawil , sont eux aussi, une forme d'improvisation vocale, qui répond aux mêmes définitions du Takssim. Né à Rabat en 1975, Nasser Houari compte à son actif plusieurs participations à des festivals nationaux et internationaux, dont le Festival international des Cordes pincées (2001-2002-2003), le Festival ibéro-américain de la guitare (2002), le Festival Jazz aux Ouadayas (2002), le Festival Mawazine de Rabat (2003-2006-2007-2008) et le Festival international du luth de Tétouan (2009). Son parcours musical s'est d'autant enrichi par ses participations à coté d'artistes musiciens virtuoses d'Asie, d'Europe ou encore d'Amérique. Nasser Houari, qui a remporté en 2009 le prix " Ziryab des virtuoses ", est l'auteur de trois albums, "Takassims" en 2002, " Ahlam " en 2003 et " Dikrayat " en 2006. Dans le cadre de la séance d'hommage à Mohamed Bendeddouch, le public présent a eu le plaisir d'écouter un enregistrement sonore du vétéran de la radio nationale, datant de 1955 et décrivant l'afflux des Marocains de tout le pays, pour saluer, dans une ambiance de liesse, feu SM le roi Mohammed V. M. Bendeddouch, qui a rejoint la radio en 1952, s'est vu remettre à cette occasion des présents symboliques.