Le Sénégal a inauguré, samedi soir, dans une grande cérémonie son "monument de la Renaissance africaine", une immense statue en bronze de 50 mètres de hauteur, bâtie sur l'une des quatre collines volcaniques des mamelles, à l'Ouest à Dakar. Un monument qui se veut l'emblème d'une Afrique moderne et dynamique qui prend sa destinée en main et aspire à un meilleur lendemain. -Par Driss Hidass- L'inauguration du monument qui s'inscrit dans le cadre des festivités marquant le cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal s'est déroulée dans une cérémonie grandiose présidée par le président sénégalais Abdoulaye Wade en présence de nombreux chefs d'Etats et de gouvernements africains, dont une importante délégation marocaine conduite par le Premier ministre M. Abbas El Fassi. La délégation marocaine, qui assistera également à un défilé du cinquantenaire dimanche à Dakar, est composée des présidents de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers, respectivement MM. Mustapha Mansouri et Mohamed Cheikh Biadillah, et l'inspecteur général des Forces armées Royales (FAR), le Général de corps d'armée Abdelaziz Bennani. Cette oeuvre gigantesque, qui surplombe la capitale sénégalaise, est la première du genre en Afrique et s'élève dans le ciel plus haut que la statue de la liberté des Etats-Unis d'Amérique. Réalisée par des artisans sénégalais et des contingents d'ouvriers qualifiés de différents pays d'Afrique et du monde, elle a coûté officiellement 15 milliards de francs CFA (249,7 millions Dirhams). Le monument est matérialisé au sommet de la colline par un homme imposant, au torse nu, portant sur son bras gauche un enfant, enveloppant dans l'autre bras droit, une femme, tous regardant vers l'Ouest, l'enfant pointant l'indexe vers l'Océan atlantique dans un élan artistique remarquable et une fougue qui rappelle les statues illustrant les grands évènements historiques dans les contrées occidentales. Bien sûr la silhouette athlétique et élancée des personnages africains confère à cette oeuvre son caractère particulier qui recèle l'africanité et une identité authentique. L'imposante statue des trois personnages qui font corps pèse quelques 222.000 tonnes et a nécessité plusieurs millions d'heures de travail. Ces concepteurs et réalisateurs estiment la durée de vie du monument à 1.200 ans. Pour le président Abdoulaye Wade, concepteur de l'ouvrage, l'architecte sénégalais Pierre Goudiaby Atépa, livre par cette oeuvre grandiose le symbole d'une Afrique qui se libère de toute sorte de domination et d'obscurantisme pour entrer dans un nouveau monde de lumière. "L'homme, la femme et leur enfant feront face au soleil, symbolisant l'ouverture du continent au reste du monde. C'est une force de propulsion et d'attraction dans la grandeur, la stabilité et la pérennité de l'Afrique", a souligné le président Wade à propos du monument. Selon le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Madické Niang, 40 délégations étrangères ont été présentes à la cérémonie d'inauguration, dont 22 chefs d'Etat, deux Premiers ministres, cinq présidents de Sénat, de Conseil économique et social ou d'Assemblées nationales. Une foule estimée à des centaines de milliers de personnes a afflué depuis la matinée sur le lieu du monument pour assister à cette inauguration qui fera date dans l'histoire de ce pays d'Afrique de l'Ouest. L'honneur de couper le ruban symbolique au piédestal du monument a été accordé à l'ancien président du Nigeria, M. Olusegun Obasanjo. Un des moments forts de la cérémonie où retentissent et s'entremêlent les sons et percussions des musiques africaines, les applaudissements de la marée humaine enthousiaste. Intervenant à cette occasion, le président Wade a lancé un message à la jeunesse africaine l'invitant à oeuvrer pour un meilleur lendemain, fait de liberté, d'émancipation et de progrès. Le chef de l'Etat sénégalais a également invité les Etats africains à prendre leurs destinées en main et exprimé son profond souhait de voir se concrétiser le projet des "Etats-Unis d'Afrique". A l'intérieur du Monument, les chefs d'Etat présents à la cérémonie ont pu contempler une exposition sur les grandes figures du panafricanisme et de la lutte pour l'indépendance des pays africains. La cérémonie officielle a été également marquée par des spectacles de musique africaine et des chorégraphies exécutées par des centaines de jeunes vêtus de bleu et jaune. Le monument de la renaissance n'est pas seulement une statue imposante, c'est aussi un lieu conçu de façon à devenir l'une des principales attractions touristiques de Dakar. Au bas du monument, il est prévu la construction d'un musée, des commerces, des restaurants, ainsi que l'aménagement d'une scène de spectacle avec gradins, d'espaces de verdure. Les concepteurs du projet prévoient aussi l'installation d'une immense carte de l'Afrique et d'un écran géant pour la projection de films ou documentaires sur le monument. En haut du monument de bronze, il y aura un studio d'enregistrement pour les radios et télévisons. Un ascenseur a été mis en place pour y accéder à ces locaux incrustés dans le corps de la statue. La nuit, le site est éclairé par un jeu de lumières éblouissantes rendant perceptible le monument à plusieurs kilomètres à la ronde. Toutes ces infrastructures, qui occupent un endroit stratégique sur la côte de Dakar avec une vue imprenable aussi bien sur l'atlantique que sur la ville de la capitale sénégalaise, feront du site du monument de la renaissance africaine, un pôle de développement touristique. Les recettes prévues permettront d'amortir le coût du monument et même de le rentabiliser dans les prochaines années. A l'instar de la statue de la liberté américaine ou de la Tour Eiffel française, l'Afrique dispose désormais d'un majestueux monument qui fera son emblème et sa fierté.