Une Conférence sur la sécurité dans la région euro-méditerranéenne s'est tenue, mardi à Rabat, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi Fihri. Au cours de cette rencontre, organisée à l'initiative de l'ambassadeur du Maroc à Londres Chrifa Lalla Joumala Alaoui, sous le thème "la sécurité en Méditerranée: perspectives maroco-britanniques", le Maroc a lancé un appel pour la mise en place d'une stratégie euro-méditerranéenne commune pour faire face aux défis de sécurité auxquels fait face cette région stratégique. Dans son intervention, M. Fassi Fihri a invité les pays euro-méditerranéens "à saisir les véritables défis et déterminer la nature de la riposte collective pour que nous réussissions à apporter des réponses cohérentes et lisibles dans ce laboratoire qu'est la Méditerranée". Les questions sécuritaires régionales ne peuvent être sacrifiées à l'aune d'arrières pensées politiques ou de calculs tactiques, a-t-il précisé, appelant tous les décideurs et acteurs de la région "à s'atteler aux défis sécuritaires dans leur acception la plus large" et de se préoccuper "aussi et avec autant d'intérêt de gérer les questions de développement socio-économique". Il a, par ailleurs, indiqué que "les pays du Nord et du Sud se doivent, ensemble et de manière paritaire, de s'approprier les différentes initiatives mises en place, évitant celles venant exclusivement du Nord pour se prémunir, ainsi, contre la duplication et la dispersion des actions". Depuis la fin du monde bipolaire et l'avènement de l'ère "après les attentats du 11 septembre", "ces nouvelles menaces imposent aux pays euro-méditerranéens une réévaluation de l'équation sécuritaire dans cette zone", a précisé M. Fassi Fihri, indiquant que l'espace méditerranéen "est devenu tributaire de la stabilité d'autres régions périphériques en Afrique (bande sahélo-saharienne, façade atlantique), en plus, bien entendu, du Moyen-Orient". De son côté, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, M. Saad Hassar a mis l'accent sur la menace d'instabilité que représente la zone sahélo-saharienne, non seulement pour la région proche, mais également pour la Méditerranée, l'Europe et le reste du monde démocratique. "La précarité sécuritaire qui prévaut dans cette région est aggravée par les mouvements séparatistes, tels le +polisario+, dont plusieurs de ses membres sont impliqués dans l'enlèvement de touristes occidentaux, ainsi que dans les autres crimes transfrontaliers", a-t-il relevé. Le bassin méditerranéen constitue un vecteur de stabilité dans la région, a fait remarquer M. Hassar, réitérant "l'engagement ferme et irréversible du Maroc à combattre toutes les formes d'extrémisme et de criminalité afin de faire de la région un espace de sécurité et de prospérité". Cette région offre d'importantes opportunités mais englobe également des risques, a-t-il dit, citant à cet égard la menace que pèse l'organisation "Al-Qaïda dans le Maghreb islamique (AQMI) sur la région en fédérant un nombre important de groupes criminels et de mercenaires séparatistes. Selon M. Hassar, la coopération régionale contre les groupuscules terroristes et criminels ne devrait pas être l'otage de calculs politiciens étroits, notant que "la récente réunion initiée par l'Algérie, consacrée à la situation au Sahel sera vouée à l'échec en l'absence d'un partenaire incontournable et crédible, en l'occurrence le Royaume du Maroc". Pour sa part, l'ambassadeur du Maroc en Grande-Bretagne, Chrifa Lalla Joumala Alaoui, a appelé à oeuvrer pour faire de la région euro-méditerranéenne un espace commun de dialogue, d'échange et de prospérité. Cette région regorge d'énormes potentialités, mais fait face à des défis et menaces qui ne cessent de s'aggraver, a-t-elle indiqué, citant dans ce sens la zone du "No man's land sahélo saharien", devenue le terreau de prédilection et la plaque tournante de trafics par des groupes criminels. Quant au secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Youssef Amrani, il a plaidé pour la mise en oeuvre d'une politique sécuritaire euro-méditerranéenne, fondée sur une approche multidimensionnelle. "Cette approche ne doit pas se limiter au simple prisme sécuritaire, mais devrait englober une série d'actions politique, économique et sociale en faveur du développent humain", a-t-il affirmé, ajoutant que le Maroc réaffirme son attachement et son adhésion totale à la sécurité collective et indivisible dans la région de la Méditerranée. Selon l'ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne à Rabat, M. Eneko Landaburu, la sécurité dans la région de la Méditerranée "est l'affaire de tous les pays de cette région stratégique". "On ne peut pas régler les questions compliquées (NDLR: la sécurité) sans une coopération étroite et une coordination entre tous les pays de la région, au Nord comme au Sud", a affirmé le responsable européen. "Aucun pays ne peut, à lui seul, apporter une réponse à ces défis", a dit M. Landaburu, soulignant l'importance de renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme qui "ne connaît pas de frontières". "Nous sommes tous préoccupés par les menaces qui pèsent sur la région notamment le terrorisme, le trafic de drogue et la fragilité énergétique", a-t-il noté. Dans le but de faire face aux nombreux défis communs, M. Landaburu a appelé à promouvoir le dialogue et la coopération entre les deux rives de la Méditerranée pour faire face à des fléaux qui menacent la stabilité dans cette région qu'il a qualifiée de "sensible". Organisée en partenariat avec Royal united services institute (RUSI) et le Groupe OCP, la Conférence de Rabat s'inscrit dans le cadre de la réflexion et de la concertation régulière entre le Maroc et la Grande-Bretagne sur des thématiques d'actualité et des sujets d'intérêts commun. Lors de cette rencontre, les débats ont porté, entre autres, sur l'évolution de l'environnement sécuritaire en Méditerranée et le futur de l'engagement européen au Maghreb, ainsi que les défis et opportunités en matière de sécurité énergétique. Les participants ont également examiné les différentes stratégies visant à promouvoir une meilleure sécurité et stabilité dans la région et exploré les potentialités de nouveaux mécanismes de coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée. La séance d'ouverture de cette Conférence, qui ambitionne d'élargir aux milieux académique et universitaire la réflexion et la concertation sur des thématiques et des sujets d'intérêt commun, s'est déroulée en présence notamment de M. André Azoulay, conseiller de SM le Roi, Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et Mme Latifa Akharbach, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, ainsi que de plusieurs ambassadeurs accrédités au Maroc et d'experts internationaux.