Alors qu'il s'apprêtait à décoller pour Doha pour y disputer les Mondiaux-2010 en salle, Abdelati Iguider a souligné l'importance de redorer le blason de l'athlétisme national et renouer avec un podium qui lui a fait défaut aux Championnats du monde en plein air à Berlin l'été dernier. (Par Mohamed Benchrif) Iguider, âgé de 23 ans, avait également assuré, dans une déclaration à la MAP, que les membres de l'équipe nationale vont donner le meilleur d'eux-mêmes pour entrer parmi les premiers dans les différentes courses. Le champion du monde juniors du 1500m en 2004 et cinquième aux JO-2008 à Pékin avait vu juste en estimant que son chrono (3 :34.68) signé à Leipzig (Allemagne), le plaçait parmi les prétendants au titre mondial en salle à Doha. Chose due, chose faite. Après avoir dominé largement la troisième série de qualifications (3 min 37.14) vendredi, le sociétaire de l'Olympique Marocain a été à deux doigts de remporter la médaille d'or en finale, revenues en fin de compte à l'Ethiopien Deresse Mekonnen, détenteur de la MPM 2010 (3 :33.10). Iguider, qui ne cachait son ambition de remporter l'or, s'est dit "déçu" pour avoir raté cet objectif, expliquant que "le fait d'être bousculé par certains athlètes et le retard que j'ai pris avant de me lancer aux 400 derniers mètres, y était pour quelque chose". Pour lui, la médaille d'argent reste, toutefois, une bonne performance, pour une première participation aux Mondiaux en salle, à même d'enrichir le palmarès du Maroc et constituer une motivation pour réaliser de meilleurs résultats. L'histoire d'Iguider avec les sacres majeurs a commencé le 15 juillet 2004 à Grosseto (Italie) quand il a remporté le 1500 m des 10èmes Championnats du monde juniors, perpétuant la tradition sur cette distance, très chère aux athlètes marocains. Ce jeune athlète, alors encore cadet, a de surcroît établi le record de l'épreuve en3:35.53, temps qui était synonyme de minima pour les JO d'Athènes 2004. "Le 1.500m restera une chasse-gardée marocaine dominée par Hicham El Guerrouj chez les seniors et nous venons de constater cette hégémonie chez les junior", avait-il affirmé à l'époque. Pourtant, son aventure italienne a mal commencé. Un visa refusé au début puis délivré in extrémis après une campagne médiatique et moult interventions de tous horizons. Un retard qui a obligé Abdelati Iguider à arriver le jour même des demi-finales des 1.500m, distance sur laquelle il était inscrit. Faisant son entrée sur le tartan, quelques minutes à peine après son arrivée à Grosseto, il avait réussi à remporter haut la main la course de sa série et se qualifier en finale avant d'étreindre la médaille d'or. "J'ai fait le voyage le jour même et j'ai raté l'avion qui devait m'emmener de Bruxelles à Rome. Mais mon titre mondial m'a fait oublier toutes ces tracasseries ", avait-il déclaré. A l'instar de la quasi-totalité des athlètes ses débuts étaient à l'école et plus précisément au collège Cadi Ayyad à Ouarzazate, sa ville natale. Lors des championnats scolaires nationaux de cross country disputés à Beni Mellal en 2002, il fut repéré par Abdelaziz Sahère, premier Marocain à avoir atteint la finale du 1500m des Mondiaux en salle (Séville-1991). A l'époque, Iguider a occupé la deuxième place derrière Mohamed Moustaoui. Tous les deux ont été ainsi admis à l'Institut National d'Athlétisme à Rabat. Abdelati se remémore le premier jour où il a foulé une piste en tartan: "C'était en 2003 sur la piste du stade Sidi Youssef Ben Ali. Lors de ce meeting national, j'ai couru le 1500 m en 3:53. Quelques mois après j'ai amélioré mon record pour l'amener à 3:38 au meeting de Rabat". Après sa médaille d'or à Grosseto, Iguider avait rendez-vous avec le podium à plusieurs reprises, dont la médaille d'argent aux 11èmes Mondiaux juniors à Pékin en 2006, et le bronze des Jeux Méditerranéens 2009 à Pescara (Italie). En revanche, il n'a pas brillé lors des JO-2008 à Pékin, où il a pris la cinquième place et aux Mondiaux en plein air d'Osaka (sorti au premier tour) et de Berlin (11è). Ainsi, après avoir sorti bredouille des Mondiaux de Berlin, traînant deux scandales de dopage, l'athlétisme marocain a retrouvé un peu de ses couleurs à Doha. La médaille d'Iguider porte à 15 le nombre de médailles que compte le palmarès de l'athlétisme marocain dans cette Compétition. Sur cette récolte, le Maroc compte cinq titres, dont trois sont l'oeuvre de Hicham El Guerrouj, deux sur 1.500m et l'autre sur 3.000m, en plus de l'or de Said Aouita (3.000m) et de Hasna Benhassi (1.500m).