Le Maroc a coprésidé, vendredi à Addis-Abeba, une vidéo-conférence sur le changement climatique dans le cadre de la mise en oeuvre de la Stratégie conjointe Afrique-Union Européenne (UE), lancée en décembre 2007 par les chefs d'Etat africains et de l'UE au Sommet de Lisbonne. Le débat lors de cette vidéoconférence entre Addis-Abeba et Bruxelles, marquée par la participation de plusieurs pays africains, dont l'Algérie, l'Afrique du Sud, Egypte, Burundi, Gabon et Cameroun et des pays de l'UE (Belgique, Danemark et France), a porté essentiellement sur la mise en oeuvre des projets prioritaires visant l'adaptation et l'atténuation des effets négatifs du changement climatique en Afrique, adoptés par le premier Plan d'action de la Stratégie conjointe 2008-2010. L'accent a été mis sur les derniers développements concernant l'implémentation des programmes ClimDev (Climat au service du développement en Afrique) et l'initiative de la grande Muraille verte du Sahara et du Sahel. Concernant le programme ClimDev, les discussions se sont focalisées sur le financement des projets inclus dans ce programme ambitieux, y compris la création et l'installation du Centre africain de la politique sur le Climat (ACPC), dont le siège est basé à la Commission économique pour l'Afrique (CEA) à Addis-Abeba, ainsi que l'implication directe de la Banque Africaine de Développement (BAD) dans ce programme. Cette institution financière africaine a crée un fonds doté d'un budget prévisionnel de 130 millions de dollars pour le financement du programme ClimDev durant la période 2010-2012. Arme politique du ClimDev, l'ACPC a pour mission de coordonner et de renforcer les décisions politiques en matière de changement climatique, notamment à travers le renforcement des capacités dans les institutions sous-régionales et nationales. Un des principaux objectifs de ClimDev est de répondre au manque de données, d'informations et d'analyses qui réduit la capacité des politiques et des décideurs, à tous les niveaux, à mettre en place des stratégies efficaces pour répondre aux défis multiples des changements climatiques. S'agissant de l'initiative de la grande Muraille verte du Sahara et du Sahel, les participants à cette vidéoconférence ont examiné le processus de mise en oeuvre d'un projet s'inscrivant de ce cadre et qui est financé conjointement par l'UE à hauteur de 1,4 million d'euros et par la FAO (450.000 dollars). La mise en oeuvre de ce projet concerne notamment la collecte d'informations et de statistiques, l'étude de cas et d'approches cohérentes, la formation des experts nationaux et régionaux et l'examen et l'analyse des plans et initiatives développés dans les différents Etats du Sahara et du Sahel. L'initiative de la grande Muraille verte consiste à la mise sur pied de projets de lutte contre la désertification, la dégradation des sols et la gestion des terres dans les pays du Sahara et du Sahel. Les participants ont, à cet égard, appelé à la mise en oeuvre de ces projets comme résultat tangible du premier Plan d'action 2008-2010 de la Stratégie conjointe Afrique-UE. Ces programmes prioritaires identifiés dans le cadre de cette Stratégie devront être mis en exergue lors du 3-ème Sommet Afrique-UE prévu en novembre prochain en Libye. Ce Sommet sera précédé par la réunion de la Troïka ministérielle Afrique-UE qui aura lieu le 27 avril prochain au Luxembourg et qui devrait entériner les travaux de l'ensemble des groupes conjoints d'experts (JEG), dont celui sur le Changement Climatique coprésidé par le Maroc et la France. Le fléau de changement climatique en Afrique s'est traduit par une augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses, des inondations et autres phénomènes climatiques extrêmes accentuant ainsi la pression sur les ressources en eau, la sécurité alimentaire, la santé et les infrastructures. La plupart des communautés africaines sont vulnérables à ces effets en raison notamment de l'ampleur de la pauvreté, de la dépendance à l'égard de la pluviométrie pour les activités agricoles et de la difficulté d'accès à la technologie et à de meilleures pratiques culturales. La gravité et l'urgence de la question du changement climatique appellent à la prise de mesures énergiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le monde et limiter le risque d'incidences très néfastes et potentiellement irréversibles sur les écosystèmes, les sociétés et les économies. Les trois quarts des pays d'Afrique sont situés dans des zones où il suffirait d'une faible réduction des précipitations pour engendrer d'importantes diminutions de la disponibilité globale en eau. D'ici à 2020, entre 75 et 250 millions de personnes seront exposées à une augmentation des crises liées à l'eau. Un Africain, en moyenne, génère 13 fois moins de gaz à effet de serre (GES) qu'un Nord-Américain et le continent est responsable de moins de 4 pc des émissions de GES produites dans le monde entier.