La dimension régionale doit prendre en compte les différents aspects du développement socio-économique et de la démocratie, ont estimé, dimanche à Kénitra, les participants à une journée d'étude organisée par le secrétariat régional du Parti Authenticité et Modernité (PAM). La régionalisation revêt un aspect particulier pour la région du Gharb Chrarda-Beni-Hssen, qui, malgré ses ressources très importantes, est classée parmi les régions les plus pauvres du Royaume, a indiqué le secrétaire général régional du PAM, M. Mekki Zizi, à l'ouverture de cette rencontre. Dans une note de présentation du thème de la rencontre: "La régionalisation et les contraintes du développement", le parti souligne l'importance qu'il accorde à la dimension régionale dans ses différents aspects de développement et de démocratie, et la nécessité de réaliser un saut qualitatif en procédant à un nouveau découpage territorial, guidé par le seul souci du développement et de la démocratie, qui doit donner naissance à des régions "bassins de vie", jouissant de prérogatives plus étendues. Le PAM, qui estime nécessaire de revoir la manière de formation des structures des institutions régionales et leurs relations avec le centre, s'interroge, notamment, sur le modèle de régionalisation dont le Maroc a besoin, celui qui répond le mieux aux particularités du Royaume et à la conjoncture actuelle. Il s'interroge aussi sur la manière de réaliser la solidarité entre les régions et sur le bilan de la régionalisation actuelle. C'est à toutes ces questions que les différents exposés, faits au cours de cette journée, ont tenté de répondre. Pour M. Ouaghad du Haut commissariat au plan (HCP), les régions actuelles ont un niveau de développement contrasté. Ces régions sont caractérisées par des disparités dans plusieurs domaines (économie, éducation, santé, l'accès à l'eau et à l'électricité et au réseau routier). Le niveau de développement local est fortement lié à la géographie physique, a-t-il expliqué, estimant que les régions montagneuses sont les plus défavorisées. M. Fazouane Abdesselam, de l'institut national des statistiques et d'économie appliquée, qui a traité de la transition démographique et des disparités spatiales, a indiqué que le taux de natalité au Maroc a baissé à 2,5 enfants par femme, alors que celui de l'espérance de vie a augmenté à 72 ans. La population du Maroc, a-t-il ajouté, est passée de cinq millions en 1900 à 31 millions en 2004. La moyenne des indicateurs démographiques au niveau national ne reflète pas le poids des régions, a-t-il dit, estimant nécessaire de mettre en place une politique de proximité et un aménagement territorial adapté pour stabiliser les populations. MAP 141953 GMT FEV 2010 Dans son intervention sur les enjeux et défis de la gestion des ressources naturelles des zones en retard de développement, M. Omar Mhirit, expert indépendant, a de son côté proposé une mise à niveau de celles-ci. Ces zones, a-t-il expliqué, sont situées dans les régions hyperarides. Par contre, les zones montagneuses qui recèlent des richesses hydriques, économiques et écologiques importantes, occupent 26 pc de la surface du Maroc et abritent 30 pc de la population. Toutefois, a-t-il dit, ces zones sont menacées par la déforestation et la désertification et 22 pc de la flore du pays risquent de disparaitre en 2050. Pour lui, le défi à relever, dans le cadre de la régionalisation, est la recherche d'un nouvel équilibre entre l'aménagement du territoire, le développement socio-économique et la préservation de l'environnement. M. Ajbilou, directeur des études au ministère chargé des Affaires économiques et générales, a traité de l'approche territoriale de l'économie sociale solidaire basée sur la contractualisation. Ce secteur, qui peut aussi englober la petite entreprise, a-t-il dit, représente 7 à 10 pc dans le produit national. Il a été marginalisé et pourrait jouer un rôle important dans le développement durable local en permettant aux populations pauvres de disposer d'un revenu. Pour cela, a-t-il suggéré, il faut disposer d'une vision intégrée pour permettre une évolution d'une gestion centralisée vers une gestion déconcentrée, conférant aux responsables locaux, dans le cadre d'une contractualisation, l'opportunité de développer l'économie sociale. M. Larbi Zagdouni, de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, a posé le problème des compétences en liaison avec la régionalisation avancée. Il faut, a-t-il dit, investir davantage dans la formation et la scolarisation pour doter les régions des compétences qualifiées. Il a également estimé nécessaire d'avoir, au préalable, une vision d'opérationnalité et de faisabilité du projet de régionalisation. Pour lui la question de l'aménagement du territoire est centrale, mais doit être modulée en fonction de la nature de l'espace.