La Journée mondiale contre le cancer, célébrée cette année sous le thème "Prévenir le cancer, c'est possible", a été une occasion pour les experts d'appeller à la prévention et à une meilleure prise en charge de cette maladie dans les pays les plus pauvres. .-Par: Brahim Salaheddine Amhil-. La prévention du cancer "passe avant tout par une prise de conscience" a, à cette occasion, souligné l'éminent oncologue français, le Professeur David Khayat, indiquant que "ce fléau mondial tue, à lui seul, plus que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis". Le Professeur Khayat, également chef du service d'oncologie à l'hôpital parisien de la Pitié Salpêtrière, a estimé qu'"un homme sur deux va avoir un cancer dans sa vie en France et une femme sur trois". "A partir du moment où on a pris conscience de ces chiffres, on peut changer un certain nombre d'habitudes", a-t-il dit. Après avoir rappelé que la première cause de cancer est le tabac (30 pc des cas), David Khayat, ancien président de l'Institut national français du cancer, souhaite "éliminer les grandes causes de cancer", que sont également l'alcool, le soleil et le surpoids. .+Le cancer, fléau mondial et lutte à armes inégales+. Véritable fléau mondial, la lutte contre le cancer mobilise d'importantes ressources de par le monde. Néanmoins, à l'heure où la prévention, le diagnostic et l'accès à des traitements anticancéreux efficaces et sophistiqués s'intensifient jour après jour dans les pays les plus riches, les pays à faibles ou moyens revenus font actuellement face à une augmentation importante du nombre de cas de cancer. Ce constat alarmant a été dressé par des experts chargés de mesurer la progression de la lutte contre le cancer à travers le monde, à l'occasion de cette Journée mondiale, célébrée le 04 février de chaque année. Ainsi, la population de ces pays à faibles ou moyens revenus dispose d'un accès limité, voire nul, à la prévention, aux traitements et aux soins, y compris aux soins palliatifs de base nécessaires à la prise en charge de la douleur, ajoutent ces experts. Par conséquent, on assiste à une fracture considérable entre les pays développés et les pays émergents dans le domaine de la prise en charge du cancer, un écart qui ne cesse de s'intensifier menaçant les efforts menés jusque-là au niveau mondial dans la lutte contre la maladie, estiment-ils. Dans de telles circonstances, les pays à faibles et moyens revenus recensent à eux seuls plus de la moitié des nouveaux cas de cancer et plus de 60 pc des décès par cette maladie à travers le monde. En effet, selon des projections de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer ferait 84 millions morts entre 2005 et 2015 si aucune mesure n'est prise. Chaque année, l'OMS, aux côtés de l'Union internationale contre le cancer, met en avant des moyens susceptibles de faire reculer la charge de cette maladie partout dans le monde. Selon l'OMS, le "cancer" est un terme général appliqué à un grand groupe de maladies qui peuvent toucher n'importe quelle partie de l'organisme. L'une de ses caractéristiques est la prolifération rapide de cellules anormales qui peuvent essaimer dans d'autres organes, formant ce que les spécialistes appellent "métastases". De nombreux cancers peuvent être prévenus en évitant les principaux facteurs de risque, comme le tabagisme. Un nombre significatif de cancers peuvent être soignés par la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie surtout s'ils sont détectés suffisamment tôt, précise l'organisation mondiale. .+Le tabagisme, une cause de mortalité à prévenir+. Le tabagisme est l'une des causes de mortalité les plus faciles à prévenir. Si la consommation de tabac était réduite de moitié, les maladies liées au tabac, dont le cancer, feraient de 20 à 30 millions de victimes en moins avant 2025 et de 170 à 180 millions de victimes en moins avant 2050. Cesser de fumer ou, mieux encore, ne jamais commencer à fumer, c'est ce que l'on peut faire de mieux pour protéger sa santé. Quant aux fumeurs qui renoncent au tabac, les bénéfices qu'ils en retirent pour leur santé sont immédiats. La menace que représente le tabagisme pour la santé publique justifie que la société tout entière se mobilise contre ce fléau. En effet, respirer la fumée des autres (être un fumeur passif) accroît de 20 pc le risque de cancer du poumon chez les non-fumeurs. .+Le dépistage précoce, un moyen efficace de lutte+. Les chances de survie de certains cancers courants augmentent considérablement selon leur dépistage et la façon dont ils sont soignés. La détection précoce est basée sur l'observation selon laquelle le traitement est d'autant plus efficace que le cancer est décelé tôt. Elle passe par une meilleure connaissance des premiers signes et symptômes du cancer, ainsi que le dépistage, ou examen d'individus "apparemment sains". Le test de Papanicolaou (Pap) appliqué au dépistage du col de l'utérus a entraîné une baisse sensible de la mortalité due à ce type de cancer dans la plupart des pays développés, et les programmes de dépistage à l'aide de ce test mis en oeuvre dans certains pays à revenus moyens s'avèrent efficaces. Dans les nombreux pays en développement où de tels programmes ne peuvent être envisagés, plusieurs autres méthodes plus simples sont à l'étude et paraissent prometteuses, selon l'OMS.