Les mélomanes newyorkais ont été conviés, jeudi soir, à un concert fusion inédit du percussionniste marocain Brahim Fribgane et du trompettiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf. Ce concert expérimental, s'inscrit dans le cadre de la 4ème édition du festival World Nomads, initiée par le French Institute Alliance Française (FIAF) en partenariat avec l'Association Essaouira-Mogador et la Fondation Esprit de Fès. Réunis au prestigieux David Rubenstein Atrium du Lincoln Center, un haut lieu des arts et du spectacle à New York, Frigbane et Maalouf ont fait voyager le public dans le monde de la musique Amazighe et des maqams arabo-classiques, deux styles qui puisent dans les traditions populaires du Maroc et du Liban. Ce choix artistique n'est pas fortuit, a expliqué Zeyba Rahman, commissaire du World Nomads Festival. A ses yeux, ce concert illustre "la continuité" du festival, qui avait rendu hommage au Liban lors de sa précédente édition. Ainsi, le multi-instrumentaliste, Fribgane et Maalouf, seul artiste à jouer la musique arabe avec la trompette à quarts de tons, ont offert à l'audience un florilège artistique, qui puise dans le répertoire musical Amazighe et arabe, avant de joindre leurs talents, le temps d'une collaboration musicale impressionnante autant par la fraîcheur de ses élans que par la maîtrise de ses compositions ouvragées. De ce projet artistique est né un nouveau concept, celui du "Jazz amazighe-oriental" où percussions, trempette et piano, s'accordent parfaitement pour créer judicieux mélange de sonorités de l'Atlas et du Moyen-Orient. A la fois gorgé de sève et d'orfèvreries, ce coup d'essai a aussi permis au public de découvrir la profondeur et la diversité de la culture musicale marocaine. "Lorsque l'on évoque la musique populaire marocaine aux Etats-Unis, l'art gnaoua est le premier sinon le seul genre qui vient aux esprits. J'estime donc qu'il fallait changer cette conception en donnant un aperçu de la richesse et de la variété de l'héritage marocain", a confié Fribgane à la MAP. Pour cet artiste, qui a révolutionné la scène musicale marocaine au cours des années 80 avant de s'installer à New York, ses choix musicaux "sont dictés par son désir de faire découvrir au public Américain, une partie peu connue d'un héritage marocain, préservé depuis des millénaires". A travers cette rencontre artistique, le World Nomads Morroco a donc révélé les identités culturelles uniques de deux artistes d'exception et offert un regard artistique neuf sur le Maroc, pays où les traditions ancestrales ne font qu'un avec la musique.