Le Centre de documentation du patrimoine culturel et naturel à la bibliothèque d'Alexandrie s'attèle à la mise en oeuvre d'un projet de coopération égypto-marocain pour une sauvegarde durable du patrimoine matériel et immatériel de Tanger et de l'oasis égyptienne de Siwa. Intitulé "Siwa - Tanger: un patrimoine pour une vie meilleure", le projet est financé par l'Union européenne dans le cadre du programme "Euromed Héritage 4" et mis en Âœuvre en collaboration avec l'Association culturelle locale impliquée dans la préservation du patrimoine historique de Tanger et de son ancienne médina "Al Boughaz", l'ONG italienne COSPE, et la SCDEC (Siwa Community Development and Environment Conservation). Selon ses concepteurs, le projet vise à préserver et améliorer le patrimoine culturel local, aussi bien au Maroc qu'en Egypte, dans une perspective de développement durable. Le défi de cette action est de "tirer profit" des principes de base de la durabilité, à savoir l'approche participative, l'appropriation de la part des communautés locales et la dissémination des connaissances. L'action, lancée en 2009, vise aussi à promouvoir une meilleure connaissance et compréhension des atouts culturels locaux, afin de mettre en place des outils de gestion pour une sauvegarde durable du patrimoine matériel et immatériel et des spécificités culturelles de Tanger et l'oasis Siwa, dont les origines proviennent des tribus amazighes au Maroc. Dans un communiqué, le directeur du Centre de documentation du patrimoine culturel et naturel, Fathi Saleh, a souligné que ce projet, de trois ans, porte essentiellement sur la formation de cadres de Siwa pour répertorier le patrimoine matériel et immatériel sous la supervision des chioukhs de l'oasis dans la perspective de son archivage. Il est prévu, ajoute la même source, la création d'un centre pour l'authentification électronique du patrimoine de l'oasis. Il a précisé que les tribus amazighes au Maroc sont à l'origine du patrimoine de l'oasis de Siwa, soulignant que ces tribus ont habité plusieurs régions égyptiennes, y compris l'oasis Siwa, dont la population est majoritairement amazighe. Ces populations, a-t-il indiqué, se sont installés dans l'oasis à l'époque fatimide, faisant état d'une "fusion d'habitudes et de traditions entre les deux cultures égyptienne et amazighe". Pour sa part, Ayman Khouri, directeur adjoint du centre, a indiqué que la plupart des habitants de l'oasis Siwa sont des amazighs venus en Egypte lors de l'époque des Fatimides, qui se sont appuyés sur le soutien des habitants de la tribu marocaine Ketama pour la mise en place leur Etat en Egypte. Il a fait savoir que ces amazighs habitaient au Caire dans un quartier appelé "Harat Ketama", soulignant que d'autres tribus amazighes avaient émigrés en Egypte, comme Zewela et Chairiya, dont des monuments avaient été baptisés de leurs noms. Il a affirmé que l'époque fatimide était "une étape importante dans l'histoire de la migration des Amazighes en Egypte", notant qu'"en cette période, de grandes vagues (d'amazighs) étaient venues dans le pays en provenance du Maroc, et se sont installés du côté ouest de l'Egypte, dans l'ouest du Delta, Beheira et de Fayoum, ainsi que des oasis et des autres régions de l'ouest de la Haute Egypte".