L' eau minérale de la source "Ain Al Hamra" ou "Ain Ar-Rahma" comme l'a baptisée feu SM Mohammed V au lendemain de l'indépendance, demeure peu exploitée pour le développement du tourisme thermal et de cure. .par Kaddour Fattoumi. Jaillissant au pied d'une montagne rifaine, à 1 km de la route provinciale reliant Aknoul à Boured et à quelques encablures du centre d'Ajdir (province de Taza) , l'eau de cette source, riche en fer, est semblable par son goût et sa saveur à celle de la célèbre source thermale française de Vichy. Ses vertus curatives indiquées sur une plaque en marbre accrochée à l'intention des visiteurs et des curistes, font état de ses bienfaits thérapeutiques sur l'anémie, les maladies respiratoires, les maladies hépatiques et de l'appareil digestif et les maladies rhumatismales et des articulations. Ces vertus curatives se fondent sur les résultats de recherches laborantines effectuées dans les années 50 et 70 du siècle dernier, par deux médecins français dont un professeur conférencier à l'université de la Sorbonne, selon les dires de M. Omar Idrissi, secrétaire général de l'Association " Tamesna " de Développement. Mais l'eau minérale d'Ain Ar-Rahma est vivement contre-indiquée pour les tuberculeux. "Un phtisique, avec des poumons perforés, pourrait décéder en quelques minutes s'il boit l'eau minérale, riche en fer, d'Ain Al Hamra" avertissent des sources médicales. Toutefois, plusieurs témoignages recueillis sur les lieux de la source minérale sont unanimes à confirmer les traitements de l'eau d'Ain Rahma pour les patients asthéniques souffrant de la terrible maladie gastrique qu'on appelle communément "At-Toukal". Le major du centre médical d'Ajdir, Mohammed Bouzelmat a confirmé qu'il a lui-même, été témoin de la totale guérison avec la repousse des cheveux d'un patient RME qui souffrait de la maladie gastrique dite " At-Toukal " après une cure assidue de trois mois à Ain Al Hamra. Cependant, des documents confirmant les conclusions de ces expérimentations médicales sont introuvables chez les autorités locales ou les services médicaux de la province de Taza. Néanmoins, la source minérale d'Ain Al Hamra continue d'attirer annuellement plusieurs milliers de visiteurs et de curistes durant les saisons d'été et du printemps. L'engouement des gens pour cette source, aux bienfaits thérapeutiques certains, a donné naissance, depuis des années, à un village qui compte quelques 1236 habitants regroupés en 247 ménages, selon le récemment général de la population de 2004. Des données recueillies auprès du secrétariat général de la commune rurale d'Ajdir révèlent que la source thermale d'Ain Al Hamra enregistre plus de 4.000 curistes pendant les périodes d'été et du printemps. Ce chiffre de curistes est multiplié par dix, si l'on croit les estimations avancées par certains habitants du village dont des membres de l'Association " Tamesna " pour le développement. Le village d'Ain Rahma est doté de 40 appartements meublés destinés à la location. Un complexe touristique non classé, situé au douar Ahrichène, à 2 Km de la source thermale, offre des appartements meublés, une piscine et une cafétéria. Ce complexe demeure, malheureusement, peu fréquenté pour manque d'une stratégie de marketing aux échelons local et national, selon la commune rurale d'Ajdir. Le centre d'Ain Al Hamra, qui se développe d'une manière anarchique, compte aussi plusieurs restaurants, cafés, lieux de commerce, moyens de transport et un dispensaire rural. Ses habitants, descendants de cinq familles (Idrissyine, Ayriyine, Hariouriyine, Imhmouden et Oulad Lahen) vivent principalement de l'agriculture, du commerce et du tourisme intérieur. Comme l'eau minérale d'Ain Ar-Rahma, riche en fer, est peu utilisée pour la cuisson des aliments et la préparation du thé ou du café , le centre d'Ain Rahma a été équipé au début des années 2000 d'un réseau d'adduction d'eau potable réalisée et financée grâce à l'initiative de l'association Ain Ar-Rahma , aujourd'hui dissoute, et en partenariat avec l'Agence pour le développement des préfectures et provinces du Nord (APDN) et une société italienne de maîtrise de l'énergie et du développement de l'énergie renouvelable (ESCOS). Tout près d'Ain Al Hamra, le centre d'Ajdir, chef lieu de la commune rurale du même nom, est doté lui aussi par la nature d'une source thermale appelée "Ain Ach-Chifa ". Les eaux de cette source thermale sont indiquées pour la dermatologie, selon un document de la commune. Le centre d'Ajdir, qui compte plus de 1.451 habitants et 289 ménages, renferme un complexe touristique et thermal qui offre une capacité d'accueil de 12 chambres avec deux piscines couvertes, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes, utilisant les eaux thermales d'Ain Ach-Chifa. Pour la petite histoire, le centre d'Ajdir est réputé pour ses faits d'armes au temps du protectorat. Il formait avec Boured, Aknoul et Tizi Ou Sli, le fameux " triangle de la mort ", fortement craint par l'armée d'occupation. Le village d'Ain Al Hamra et le centre d'Ajdir méritent davantage d'intérêt pour la valorisation de leurs sources thermales et leur intégration dans un programme de promotion du tourisme de cure. Des analyses laborantines poussées et des expériences médicales s'avèrent plus qu'indispensables pour confirmer les bienfaits thérapeutiques de ces deux sources thermales et promouvoir leur développement touristique et socio-économique.