Le 3ème Forum africain des infrastructures s'est ouvert jeudi à Dakar sur un plaidoyer en faveur de l'importance des partenariats public-privé (PPP) dans la mise en Âœuvre des grands projets d'infrastructures en Afrique. Face à l'insuffisance des ressources allouées par les bailleurs de fonds au développement des infrastructures et celles prévues par les budgets nationaux, les partenariats public-privé constituent l'instrument incontournable pour le financement des infrastructures en Afrique, selon les représentants des différents pays africains qui ont pris la parole à la séance inaugurale de ce forum, organisé par la structure marocaine "i-conférences". Au moment où les ressources multinationales allouées au développement et à la modernisation des infrastructures économiques paraissent " très insuffisantes " au regard des besoins exprimés, le principe du partenariat entre le public et le privé pour financer les infrastructures constitue aujourd'hui une solution "appropriée", a noté le représentant résident régional du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) au Sénégal, Mohamed H'Midouche. Selon lui, les infrastructures constituent, avec la gouvernance, le développement du secteur privé et l'enseignement supérieur, les "priorités" de la BAD pour l'Afrique dans le cadre de sa stratégie à moyen terme à l'horizon 2008-2012, rappelant que les financements approuvés par la banque en faveur des projets d'infrastructures ont représenté 6 milliards de dollars en 2009. L'importance des partenariats privé-public a été aussi soulignée par la conseillère spéciale du ministre de l'Economie et des Finances de la Côte d'Ivoire, Yao Madeleine, qui a relevé qu'avec la rareté des ressources en Afrique et des moyens de financement traditionnels, ce procédé est "un passage obligé". Les infrastructures constituent le "creuset" du développement, d'où la nécessité de mettre en place un partenariat public-privé pour accompagner les Etats africains dans le financement de ces projets et en mettant également à contribution les organisations sous-régionales ainsi que les partenaires au développement, a-t-elle indiqué. Mais pour assurer le succès des projets financés dans le cadre des PPP, il faut un cadre juridique et institutionnel fixant les droits et obligations des partenaires, a-t-elle souligné en citant l'exemple de certains projets d'infrastructures qui ont capoté en Afrique faute de ce cadre institutionnel. Outre l'importance des partenariats public-privé, certains grands projets d'infrastructures doivent être menés dans un cadre régional dans le but de réduire leurs coûts élevés, selon le Commissaire chargé du département des politiques économiques et fiscalité de l'intérieure de l'Union économique monétaire Ouest-africaine (UEMOA), El Hadj Abdou Sakho. "La fragmentation des limites territoriales nationales, l'absence d'économies d'échelles ont pour conséquence le coût élevé des services d'infrastructures en Afrique. Il faut promouvoir l'intégration régionale pour réduire les coûts d'infrastructures", a-t-il dit. "La géographie économique difficile de l'Afrique représente un défi majeur pour le développement de l'infrastructure de la région. Le coût des services d'infrastructures africains est deux fois plus élevé qu'ailleurs, reflétant ainsi à la fois l'absence d'économies d'échelles au niveau de la production et les marges bénéficiaires élevées résultant d'un manque de compétition", a-t-il souligné en déplorant le fait que les réseaux d'infrastructures africaines sont "de plus en plus à la traîne" par rapport à ceux d'autres pays en développement, en ce sens qu'ils se caractérisent par un manque de connexions régionales ainsi que par une "stagnation" de l'accès offert aux individus. Les 250 participants à ce 3ème forum africain des infrastructures sur les partenariats public-privé en Afrique du Nord, du Centre et de l'Ouest mettront l'accent durant deux jours sur l'importance des partenariats public-privé dans l'accélération du développement de l'Afrique et la mise en place des infrastructures dans les secteurs du transport, de l'eau, de l'énergie et des NTIC . Ils insisteront en particulier sur les facteurs clés du succès des PPP avec focus sur l'importance de la régulation sectorielle, le cadre juridique et réglementaire et la gestion contractuelle ainsi que sur les sources de financement, en passant en revue notamment les expériences du Maroc et du Sénégal. En marge de la troisième édition du Forum, le comité organisateur décernera des trophées aux personnalités ou aux institutions qui ont contribué au développement des infrastructures en Afrique.