Le peuple marocain et la famille de la résistance célèbrent, mercredi et jeudi, le 73ème anniversaire de la bataille de Boufekrane, une page rayonnante dans l'histoire de la lutte nationale pour la liberté et l'indépendance. Cet événement phare offre l'occasion de se remémorer des sacrifices consentis par le peuple marocain pour l'affranchissement du joug de l'occupation et la préservation de l'identité de la nation. Les événements de septembre 1937 resteront gravés à jamais dans la mémoire de tous les Marocains, en particulier des habitants de la ville de Meknès, qui a été le théâtre de cette épopée historique, où les Meknassis ont fait preuve de bravoure pour défendre les constantes du Royaume. A l'origine de cette bataille, l'arrogance du colonisateur qui voulait s'accaparer les eaux de la rivière de Boufekrane et priver, par cet acte arbitraire, les habitants de la cité ismaïlienne d'une source d'eau qui leur était indispensable. En effet, ce soulèvement populaire est la conséquence d'un arrêté datant du 12 novembre 1936, en vertu duquel les autorités du protectorat avaient décidé le partage inéquitable des eaux de l'oued Boufekrane entre les colons et les Meknassis. Cette décision était d'autant plus offensante que ces eaux avaient un statut particulier, étant placées sous le régime des Habous au profit de la population meknassie en vertu d'un Dahir du Sultan Moulay Ismaïl en date de Moharram de l'année 1006 de l'Hégire. Et comme si cet acte arbitraire ne lui suffisait pas, le colonisateur avait promulgué, quelques mois après, le 12 février 1937, un nouvel arrêté stipulant l'octroi pur et simple de seize parts en eau sur vingt-quatre aux colons français qui s'étaient accaparés les zones fertiles appartenant aux tribus Guerouane et Beni M'Teir, situées entre Meknès et El Hajeb. L'iniquité était alors devenue intolérable. En réaction à cela, les habitants de Meknès s'étaient unanimement mobilisés pour rejeter ces décisions humiliantes et infondées, en entreprenant un certain nombre de démarches, privilégiant la voie pacifique. Il s'agit notamment de la constitution d'une commission nationale pour la défense des eaux de Boufekrane, laquelle a adressé, le 16 juin 1937, une pétition portant près de 1.500 signatures à Feu SM. Mohammed V, ainsi qu'au résident général. Face au mépris et à l'obstination des occupants français, les populations n'avaient d'autre choix que de recourir à la force, après avoir tenté, vainement, de résoudre pacifiquement le différend. L'arrestation et la condamnation à des peines de prison de cinq nationalistes pour "trouble à l'ordre public", ont provoqué des manifestations qui sont parties de la grande mosquée vers la place Lehdim et le siège du tribunal du pacha de la ville. Les affrontements ayant opposé les 1er et 2 septembre les habitants de Meknès et les forces françaises, qui ont voulu à travers le déluge de feu, plier l'échine à une population nimbée de bravoure et d'esprit de patriotisme, avaient fait plusieurs martyrs et des centaines de blessés. La bataille de Boufekrane, dite aussi bataille d'eau douce, était alors la seule issue pour faire face à la politique du fait accompli que tentaient d'imposer les colons. Au-delà de son caractère local, le soulèvement de Boufekrane a, dès ses premières étincelles, revêtu une portée nationaliste significative et a servi de catalyseur pour le mouvement national de la résistance qui s'est mobilisé pour défendre et préserver les symboles sacrés du Royaume. La commémoration de la bataille de Boufekrane constitue une occasion pour l'ensemble des marocains de tirer les enseignements de l'histoire de la lutte pour l'indépendance et renforcer l'adhésion des générations actuelles et montantes au processus d'édification d'un Maroc unifié, moderne, démocratique et prospère.