Le sociologue marocain, Mohamed Cherkaoui, a exposé, samedi à Washington, les liens sociaux unissant les populations du Sahara aux différentes régions du Royaume, affirmant qu'il s'agit là d'un aspect "central" de la question du Sahara qui n'a pas été pris en compte comme il se doit par les organisations internationales. M. Cherkaoui, qui intervenait devant le congrès national des jeunes démocrates américains, a souligné l'impérieuse nécessité de tenir compte de cette dimension essentielle "dans le but d'épargner aux populations sahraouies et non sahraouies une tragédie humanitaire si jamais ces liens sociaux venaient à se rompre". Citant à ce propos l'une des conclusions de son ouvrage "Le Sahara: liens sociaux et enjeux géostratégiques", M. Cherkaoui, également directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS-France) et professeur à l'université de Paris Sorbonne, a fait observer que "sans le Sahara, l'histoire du Maroc serait incomprise, et que parallèlement le Sahara sans le Maroc ne serait qu'un désert ni plus ni moins". Dans cet ouvrage, rappelle-t-on, M. Cherkaoui soutient que la proposition d'autonomie, sous souveraineté marocaine, dans les provinces du sud renvoie également à ce lien social qui unissait toutes les tribus sahariennes et qui leur permettait de transcender la tribu, à savoir l'allégeance qu'elles ont constamment renouvelée aux monarques marocains et qui les rattachaient politiquement au Royaume du Maroc. Dans la partie de cet essai intitulée "Lien social entre le Sahara et le Maroc: l'intégration des populations sahraouies", il redessine les contours d'une société sahraouie avec sa spécificité socioculturelle et l'impact de celle-ci sur le rythme de développement de la région. Pour ce faire, il choisira un indicateur pour le moins original: le mariage. Un résultat révélateur surgit de l'enquête: le taux de l'endogamie est passé, en quarante ans, de plus de 97 pc à moins 55 pc. C'est dire le niveau d'intégration de la société sahraouie en corrélation avec les autres composantes de la société marocaine. Dans cette enquête, le chercheur a dépouillé tous les registres adouliens où figurent les contrats de mariage du début des années 1960 à 2006 pour vérifier l'hypothèse selon laquelle, au Sahara où l'endogamie est la règle, le mariage exogame entre les Sahraouis et le reste de la population marocaine a cru de manière progressive et soutenue.