Des troupes de treize des quatorze pays africains qui célèbrent cette année le cinquantenaire de leurs indépendances ont pris part, mercredi à Paris, au traditionnel défilé militaire de la fête nationale de France. -Par Noureddine Hassani- A l'ouverture de cette cérémonie, les chefs d'Etat africains, invités d'honneur de ce 14 juillet, ont assisté aux côtés de leur homologue français Nicolas Sarkozy et d'autres personnalités, à une animation musicale, sous forme de trois tableaux dont un intitulé "Hommage aux pays d'Afrique". La patrouille de France composée de 9 avions Alphajet a donné le coup d'envoi des festivités en dégageant des blocs de fumées tricolores sur "la plus belle avenue du Monde", suivie d'un défilé aérien des différents avions emblématiques de l'aéronavale française. Ensuite, par détachements de 38 hommes, les soldats africains ont ouvert le bal du défilé à pied, selon l'ordre alphabétique: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Avec leurs uniformes militaires typiques, ils ont arpenté les Champs Elysées, de l'Arc du Triomphe jusqu'à place de la Concorde où se trouvait la tribune officielle, sous le regard fier et souriant de leurs Chefs d'Etat respectifs, ainsi que des anciens combattants africains de l'armée française. En tête de la parade, le Bénin a été représenté par un détachement formé intégralement de femmes, héritières de la fameuse compagnie des "Amazones" qui ont dû donner du mal aux troupes coloniales françaises lors de la conquête de leur pays. Après le passage des troupes africaines, le défilé s'est poursuivi comme à l'accoutumée avec des détachements français représentant les écoles militaires, de police et des officiers de sapeurs-pompiers, ainsi que des unités des trois armées, de la gendarmerie. Le défilé des troupes à pied a été traditionnellement clôturé par la Légion étrangère, typique par la barbe et l'uniforme de ses hommes, et leur rythme de marche plus lent par rapport aux autres unités de l'armée française (88 pas/minute contre 120). Des régiments de retour d'Afghanistan, d'autres revenus du Liban (mandat de la FINUL), les marins de l'opération Atalante et les formations ayant participé aux opérations de sauvetage en Haïti après le séisme de janvier 2010, ont été particulièrement à l'honneur de la parade.
S'en sont suivi les défilés des troupes motorisées (269 véhicules et 82 motos) puis un défilé aérien des hélicoptères qui devait larguer des parachutistes juste devant la tribune officielle avec les drapeaux africains et français à la main, donnant fin à cette manifestation de deux heures. Pendant plus d'un siècle, de 1857 aux années 1960, des milliers de tirailleurs venus de toute l'Afrique noire et de Madagascar ont combattu sous le drapeau français. La participation de détachements des forces armées africaines au défilé du 14 juillet est un hommage de la France aux anciens combattants africains qui ont participé à sa libération durant la seconde guerre mondiale. Toutefois, cette invitation des chefs d'Etat africains et la participation de leurs troupes au défilé du 14 juillet a été "critiquée" par plusieurs Associations qui y voient une "perpétuation de la Françafrique", terme désignant les relations d'influence entre les autorités françaises et certains dirigeants africains. Réagissant mardi à cette accusation, le président Sarkozy s'est défendu de toute "nostalgie coloniale", soulignant au contraire "l'injustice et les erreurs" de cette période. Plusieurs ONG ont, pour leur part, "dénoncé" la présence de "criminels" et de "coupables de violations des droits de l'Homme" parmi les troupes des pays participants, une accusation qui a été démentie par le ministre français de la Défense, Hervé Morin. "Nous n'avons aucune indication de la sorte", a-t-il déclaré à la radio +France Info+, soulignant que "ce sont des pays avec qui nous avons des relations, des partenariats". "Je ne vois pas quel est le sens du procès qu'on est en train de nous faire sur ces questions", a-t-il ajouté.