Le monde littéraire et narratif du créateur et critique Mohamed Berrada a fait, vendredi, l'objet d'une conférence, en présence de ce romancier marocain et d'une pléiade de chercheurs et académiciens. Intervenant lors de cette rencontre littéraire, qui s'inscrit dans le cadre de la cinquième édition du festival culturel d'Errachidia, l'universitaire Mohamed Amansour a estimé que cette conférence constitue un moment singulier, parce qu'elle intervient après la publication de "Hayawat Moutajawira" (Vies contigues), oeuvre couronnant un parcours, plutôt une expérience romanesque triomphant à la vie et à tout ce qu'elle présente comme aspects positifs. Ce qui distingue aussi cette expérience riche et variée, a-t-il ajouté, c'est aussi les personnages romanesques de Berrada, tels Ould Hnia, Abdelmoujoud Wareth, brossés de manière très fine, soulignant que ces personnages ne sont pas loin de la vie quotidienne et sont bien intégrés narrativement, et Berrada s'en inspire, pour en faire des personnages références. En effet, les personnages de Mohamed Berrada et en dépit de leur insertion dans un cadre quelque peu idéologique, ne se refusent rien des caprices ni des plaisirs de la vie, et défendent clairement la liberté de l'individu dans une société qui impose parfois certaines formes de contraintes et de restrictions. Ce sont, a-t-il dit, des préoccupations d'un intellectuel moderniste, militant dans ce sens où il triomphe aux valeurs d'une société ouverte et où prévalent les principes de la liberté individuelle, son roman est dès lors un écrit savant. Spécialiste du théâtre marocain, Hassan Youssoufi, a estimé qu'après plus de quarante ans d'expérience, Mohamed Berrada est devenu une autorité culturelle, dans la mesure où il est non seulement ce créateur confirmé, mais aussi ce médiateur interculturel, faiseur d'idées, catalyseur des dynamiques culturels, tels Todorov ou Douleuze dans le champ culturel français. Mohamed Berrada incarne l'enchevêtrement de plusieurs facettes et dimensions, allant du critique au théoricien et du romancier au traducteur. Il est aussi ce maitre qui motive et parraine les étudiants et les nouvelles énergies, a-t-il ajouté. Et de renchérir qu'il est impossible de comprendre le monde littéraire en général et celui de Berrada en particulier sans un penchant sur les liens extrinsèques avec les autres disciplines, comme la philosophie, la politique, l'anthropologie, sans lesquelles la littérature serait un champ formel. Pour sa part, Abdellah Berrimi, chercheur en herméneutique a approché sémiotiquement le dernier roman de Berrada "Vies contigues", analysant la couverture et ses éléments sémantiques. Selon le chercheur, l'une des hypothèses qu'entend édifier ce roman est de veiller à l'existence d'un rapport essentiel entre l'efficacité de la narration d'une histoire et la nature temporelle de l'expérience humaine. Et d'ajouter que cette relation n'est point conjoncturelle, mais constitue plutôt une forme culturelle indispensable, dans la mesure où le temps s'érige en une donne humaine, et se reformule de manière narrative. L'universitaire Rachid Outrahout a, de son côté, mis l'accent sur le parcours progressiste de la production littéraire de Mohamed Berrada, soulignant que ces contributions ont défendu coeur et âme le rêve et l'aspiration des marocains à jouir de leurs droits en le progrès et la prospérité, ainsi que leur besoin aux valeurs lumineuses. Omar Abboud, chercheur en linguistique arabe, a mis à profit la théorie structuraliste pour mettre en avant la mise à profit par le roman marocain de la dimension structuraliste génétique dans les approches romanesques, notamment chez Mohammed Berrada durant les années 60 et 70 du siècle précédent.